7 mai 2013
Seule contre tous

Héroïque. Voilà ce que fut Hannah Arendt pour oser écrire ce qu’elle pensait, cette « banalité du mal » qui fit six millions de morts exterminés dans les camps de concentration. Acceptant de couvrir pour le célèbre magazine The New Yorker le procès de Eichman à Jérusalem en 1961, elle en revint persuadée que cet homme n’avait fait qu’obéir aux ordres; qu’il avait renoncé à l’idée même de penser et que c’était cela le mal absolu. Le film de Margareth von Trotta montre sans concession comment cette liberté de penser lui fut reprochée, par ses amis, par ses pairs et même ses voisins. Elle-même juive, elle fut accusée de trahir son peuple, dénuée de sentiments. Une tête et non un coeur, une philosophe et non une femme. Barbara Sukova incarne pourtant avec une belle humanité cette femme amoureuse, fumant religieusement sa cigarette et qui dit ne pas aimer de peuples mais seulement ses amis. Refusant tout compromis, elle écrira 10 pages ( sur 300 ) de son livre mettant en cause les leaders juifs dans la Shoah dont certains collaborèrent avec les autorités nazies. Crime de lèse majesté…Les bourreaux ne pouvaient être que ceux que l’on avait désignés comme tels! Voilà en tous les cas un film exigeant mais ô combien nécessaire pour rappeler ce qu’est l’intégrité intellectuelle-ce que ses accusateurs appelèrent « la perversité de l’intelligence » et les terres arides où elle mène lorsque l’on s’oppose au « politically correct »…

LM

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