17 novembre 2011
Salle Enchantée?

C’est le vendredi dernier,10 novembre, que le Théâtre des Champs Elysées a enfin rouvert ses portes après avoir laissé l’Opéra de Paris exercer un monopole absolu sur les opéras depuis la rentrée. Rien de gênant au demeurant lorsque l’on voit la programmation exceptionnelle qui règne à Bastille, la salle Garnier étant désormais réservée à la danse. Mais fouler les moquettes rouges de cette salle art déco de la très chic Avenue Montaigne devait manquer à plus d’un. C’est donc nombreux que les spectateurs vont se presser à nouveau dans ce théâtre qui n’en est plus un avec une programmation où l’on retrouve tout ce qui a fait le succès de ce lieu qui va bientôt fêter ses 100 ans. Mozart, bien sur avec le premier opéra de la saison à partir du 16 décembre- La Flute enchantée dans une ancienne version crée par William Kentridge en 2005 pour le Théâtre de la Monnaie de Bruxelles – assez classique mais pleine de poésie. Malgré les aménagements de la scène et des coulisses pour optimiser le maniement des décors, on reste en effet très loin du gigantisme de Bastille, seul à pouvoir recevoir une Flute comme celle- génialissime- de la Fura dels Baus en 2008. Le public -très classique- vient de toutes les façons ici pour écouter des oeuvres qui le sont aussi devenues, bien loin du subversif Sacre du Printemps de Stravinski qui fit hurler la salle à sa création en 1913. Non, désormais, le TCE donne dans le baroque-Haendel, Monteverdi avec William Christie ou Emanuelle Haim et son Concert d’Astrée, dans les grandes voix-Jonas Kaufman, Philippe Jaroussky – ou musiciens confirmés, Natalia Gutman, Nicholas Angelich, sans oublier sa tradition d’ accueillir la danse avec l’annuel Gala des Etoiles du XXIème siècle-toujours un moment de grâce- ou Sylvie Guillem pour servir trois immenses chorégraphes vivants Mats Ek, William Forsythe et Jiry Kylian. De quoi succéder une fois encore sans avoir à rougir aux programmations devenues légendaires des Ballets russes de Serge Diaghilev, d’ Isadora Duncan, du New York City Ballet de George Balanchine, le Ballet de Paris de Roland Petit, Maurice Béjart, les troupes du Bolchoï et du Kirov, Michail Barishnikov, Trisha Brown ou Angelin Preljocaj… sans oublier la Revue Nègre de Joséphine Baker. Coté mise en scène, Denis Podalydes signera en février Don Pasquale, opéra bouffe de Donizetti avec le même tandem que pour le ballet « La Source » donné ce mois-ci à Garnier- on ne change pas une équipe qui gagne- Eric Ruf aux décors et Christian Lacroix aux costumes. Enfin pour les dimanches matins, Michel Portal et sa clarinette seront à nouveau de service dans cette saison où les économies semblent être à l’ordre du jour -en preuve le dépliant-programme loin des fastes d’avant- Les places ne sont pour autant pas à la baisse- entre 35 et 140 euros pour les opéras et de 40 à 90 euros pour la danse. Car, il en faut de l’argent à la Caisse des dêpots et consignations pour entretenir cette salle où la crème des architectes et artistes: Auguste Perret, plus inspiré ici qu’au Havre, Pierre Bourdelle et René Lalique mirent tout leur talent pour créer la première salle entièrement en béton armé et qui accueille aujourd’hui près de 300 000 spectateurs sur une année. Lesquels pourront aller dîner ensuite -si leurs moyens leur permettent-au Plaza Athenée -formule « forfait » à 50 euros- ou à la Maison Blanche pour une des plus belles vues de Paris-70 euros sans les vins- Après le flacon, l’ivresse?

LM

Articles similaires