19 janvier 2013

Elle avait fait une apparition discrète lundi. Un petit tour et puis s’en va…Et puis ce vendredi soir, la voilà, floconneuse, majestueuse. Bientôt, les deux roues disparaissent, et les voitures ne sont plus les reines de la chaussée. Juste de gros amas de taules organisées qui paraissent si pataudes, si ridicules. La toute puissance a disparu. La rue appartient à ceux qui le veulent. Les sons changent. Le silence s’impose, magnifique, impérial. Déjà les boules de neige volent. Lutèce se scinde en deux, rive gauche et rive droite avec une frontière implacable et verglacée, la Seine. La solidarité arrive avec cette femme qui sort de la voiture pour pousser ce scooter qui patine, conduit par une autre femme. Une femme, pas un homme…Dans la rue les rares piétons se regardent avec complicité. Les photographes immortalisent ces scènes à la Hans et Gretel dans ce centre de Paris historique où l’on s’attend à voir surgir une calèche. Un retour en arrière, voilà ce que la neige offre ce vendredi soir. La nostalgie et la magie avec. Sans cesse, il faut frapper ses pieds pour en dégager les paquets de neige qui s’y sont accumulés. Un mini chasse- neige passe, la lame en l’air. Le silence est interrompu par les rires des groupes qui s’amusent avec des boules de neige ou des voitures qui finissent l’une dans l’autre. Ne plus contrôler, la nature reprend ses droits et montre à l’homme comme il est petit. Plus un bus, plus rien, à peine quelques vélos. La ville semble appartenir à ceux qui la foulent en tous sens, histoire de la redécouvrir « autre » avec son manteau blanc. Les chiens sont les rois, le tapis leur convient, ils y courent, il s’y ébrouent, avec cette excitation infime qui semble être contenue dans chaque flocon. Avant la débâcle, avant la neige amalgamée qui devient noire, salie et laide. Avant de voir ce Golden Retriever, un chien originaire du Canada, avec un manteau, en laisse dès ce samedi matin. Et les piétons, comme l’albatros de Baudelaire, maladroits et se serrant sur les portions de trottoir dégagées. La fin de la parenthèse enchantée et ce que dans les médias, on appelle  le retour à la normale…

Par April Wheeler

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