12 mai 2012
Roméo, Juliette et Berlioz


Sacha Waltz aime le noir. C’est en robe de cette couleur que la chorégraphe allemande s’avance sur la scène pour saluer, au diapason des décors noir et blanc de son Roméo et Juliette. Celle que l’on a parfois présentée comme la nouvelle Pina Bausch raconte l’histoire des amants de Vérone, non pas sur la musique de Prokofiev comme c’est le plus souvent le cas, mais sur la symphonie dramatique de Berlioz. L’exercice était périlleux, et avec ses trois solistes danseurs, et trois chanteurs, rappelle le principe de l’opéra dansé de Pina Bausch et dont l’Orphée et Eurydice à Garnier en février dernier a offert un beau témoignage. Le langage du spectacle, avec ses torsions et ses ensembles portent d’ailleurs l’empreinte évidente de l’influence de la célèbre chorégraphe décédée il y a trois ans, tant qu’il est difficile de réprimer parfois une impression de déjà-vu. Pour son retour sur la scène de l’Opéra, Hervé Moreau reprend un rôle qu’il a créé en 2007. Un peu raidi, son Roméo n’en demeure pas moins passionné, à côté d’une Aurélie Dupont tout en abandon. L’originalité se trouve ce soir du côté de  la partition de Berlioz, encore trop rarement donnée, servie avec soin par l’orchestre de l’Opéra de Paris sagement conduit par Vello Pähn et une excellente distribution vocale, cent pour cent française – Stéphanie d’Oustrac, Yann Beuron et Nicolas Cavallier. Dommage que les chœurs restent souvent fâchés avec la langue de Molière…

GC

A l’Opéra Bastille, jusqu’au 20 mai 2012

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