17 janvier 2012
Roman fleuve post moderne

En peu de romans, cet américain francophone et francophile, s’est imposé sur la scène littéraire parisienne pour devenir un produit culturel aussi incontournable que Woody Allen. Son nouvel opus tant attendu, réserve encore des surprises.
Comme toujours chez Douglas Kennedy le narrateur est un être en fuite et un marginal. Thomas Nesbitt, écrivain new yorkais récemment divorcé et en crise,  reçoit un jour un étrange paquet par la poste en provenance d’Allemagne : le journal intime de son ancien amour perdu Petra, qui lui permettra de découvrir la vérité sur leur histoire, survenue 30 ans plus tôt. Le récit commence donc par un flash back. Retour sur les années de guerre froide  à Berlin ouest, où notre écrivain s’était exilé pour y écrire un récit de voyage. Installé chez Fitzsimons-Ross, un peintre héroïnomane et homosexuel, il travaille occasionnellement pour une radio de propagande américaine, Radio Liberty, qui lui commande des articles. C’est là qu’il rencontre Petra, une jeune allemande de l’ouest victime de la Stasi, dont il tombe éperdument amoureux. Leur bonheur sera de courte durée car l’Histoire et les circonstances finiront par les rattraper.

Thriller amoureux

Plusieurs thèmes s’entrelacent dans ce roman et se développent à la manière des poupées russes, en s’enchâssant les uns dans les autres. Il se présente à la fois comme une enquête politique et historique bien documentée, grâce aux descriptions fouillées du Berlin de la guerre froide, une réflexion sur  les ravages du totalitarisme, sur l’art contemporain, à travers le personnage de Fitzsimons-Ross, un roman d’amour tragique, et un thriller.
Grâce à  une construction rigoureuse et efficace, il parvient à tenir ensemble ces axes multiples, qui lui permettent de passer d’un registre à l’autre, de la réflexion à l’action, et de toujours maintenir son lecteur en haleine. Les personnages secondaires sont bien campés, les transitions chiadées, le ton toujours léger et le style fluide. Avec une habileté de stratège, Douglas Kennedy parvient à nous séduire par son humour, conquérir notre complicité et nous surprendre, de rebondissements en rebondissements, durant 500 pages, d’où se dégage une vraie intelligence littéraire, un talent inné pour créer une machinerie romanesque, populaire, divertissante et pédagogique.
Un produit culturel bien emballé et que l’on n’a pas honte de consommer sans modération. Douglas Kennedy réinvente le  roman fleuve post moderne.

 

Par Anouchka Danna

Cet instant là de Douglas Kennedy, chez Belfond

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