5 octobre 2012
Reste?

 

Un million d’euros les vingt minutes de défilé-juste pour la structure. Dior pas plus que l’autre marque phare de LVMH, Vuitton qui participe à elle seule en moitié à la rentabilité du groupe, n’ont regardé à la dépense pour cette Fashion week, investissant des lieux historiques de Paris comme la Cour Carrée du Louvre ou les Invalides avec la bénédiction de la ville de Paris, Christophe Girard, adjoint à la culture de la ville étant par ailleurs conseiller stratégique chez LVMH- vive la collusion d’intérêt… Ce qui est sûr, c’est que Bernard Arnault, plus grande fortune d’Europe ne connait pas la crise. Et reste un des principaux mécènes en matière d’art avec cette année deux expositions, Gerhard Richter à Pompidou cet été et actuellement la superbe La mode et l’Impressionnisme au Musée d’Orsay (voir article), où une soirée Dior a eu lieu lundi 1er octobre. L’enveloppe? Le groupe avec Jean-Paul Claverie, en charge du mécénat, ne communique pas dessus mais « elle n’est pas énorme » selon un des commissaires de l’exposition.

Ainsi, LVMH aurait « simplement » réglé la note du scénographe Robert Carsen, autour de 200 000 euros quand même, pour une exposition qui ne sera de toutes les façons pas rentable-« les visiteurs quelque soit le succès ne comblant que le déficit ». Alors si Bernard Arnault, méchamment allumé par Libération avec son titre « Casse toi-riche con! », quittait la France, dans ce climat de subventions en berne du Ministère de la culture, qu’est ce que cela changerait? Pas grand chose à l’image de ce gigantesque musée qu’il est en train de faire construire au Bois de Boulogne, n’ayant pas comme son alter ego, François Pinault, échaudé sur l’ile Seguin, choisi de partir (à Venise) pour abriter sa collection d’art contemporain. Il faut dire qu’il a bénéficié dans cette entreprise de pas mal de soutiens…

Au secours du milliardaire

Le projet confié au célèbre architecte Frank Ghery (qui a réalisé le musée Guggheneim à Bilbao et la Cinémathèque de Paris), lancé en 2006, devait être inauguré en 2010, avec une ambition« Faire rayonner l’art et la France dans le monde ». Mais le milliardaire, dont l’empire du luxe LVMH pèse aujourd’hui 20 milliards d’euros, n’imagine alors pas une seconde qu’une association va lui barrer la route. Il a pourtant l’argent, les œuvres d’art et grâce à Bertrand Delanoë et  Christophe Girard, obtenu le terrain-un ancien bowling appartenant à la mairie de Paris, 23 hectares dans le Bois de Boulogne qui lui sont concédées pour 55 ans. Et tans pis pour le site classé en « zone verte », et donc est théoriquement inconstructible; la mairie modifie gentiment les règles d’urbanisme, autorisant, dans certaines zones du bois, les constructions d’un étage comme ce musée d’un seul étage … de 46 mètres de haut!

François Douady, un résident du XVIè arrondissement qui préside la Coordination pour la sauvegarde du bois de Boulogne, part alors en guerre contre la ville et  le géant du luxe, tel David contre Goliath, avec cette idée que » pour une terrasse qui dépasse de 10 centimètres, vous êtes sûrs de voir votre permis refusé » et contre toute attente, gagne devant le Conseil d’État. Les juges du Tribunal administratif de Paris annulent alors purement et simplement le permis de construire. Le chantier s’arrête net. 400 ouvriers se retrouvent au chômage, tandis que l’architecte Frank Ghery ne comprend pas « ces menaces contre (sa) création magique ». Politiques, tous bords confondus, et artistes comme Jean Nouvel, montent alors au front, la mairie contestant la décision de justice, avec, miracle, trois mois plus tard, un sursis à exécution qui est prononcé par la Cour administrative d’appel. Les travaux peuvent reprendre sachant qu’avec quatre mois dits « de consolidation des travaux », ils n’ont dans les faits jamais cessés…

Et que les politiques pondent bientôt un bel amendement, déclarant le bâtiment “d’utilité publique”, approuvés par l’Assemblée nationale, puis ratifié par le Sénat début avril. Un beau cadeau pour un immeuble qui n’est  « ni un hôpital ni une université, mais une construction privée, dans un site classé, et en zone verte qui plus est »s’indigne l’avocate de l’association. Reste que le bâtiment est aujourd’hui presque fini, avec une ouverture annoncée pour 2013. Et juste à dénombrer pour le groupe un surcout qui s’ajoute au budget initial de 100 millions d’euros investis par le groupe LVMH. Lequel le qualifie de « détail »…

Par Laetitia Monsacré

La tente Vuitton en toute discrétion..Le groupe ne défile jamais traditionnellement dans les mêmes lieux que les autres.

 

 

 

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