30 octobre 2012
Rendez-vous en terre sinistrée

Qu’on le dise, chez France ô, on est bien; la liberté semble faire partie du package à quiconque vient sur cette chaîne à l’image de Marie Drucker qui échappe à la grande messe du 20 heures de France 2 dans cette plongée dans l’Amérique profonde, un 52 minutes de Grégoire Deniau et Stéphane Dubun, deux grands reporters dont les caméras la suivent pour aller à la rencontre de ces noirs américains lourdement frappés par l’ouragan Katrina. « J’avais envie de retourner sur le terrain », dit celle que vous découvrirez sans maquillage et en simple tee-shirt, cassant son image « papier glacé ». Première étape, la Nouvelle Orléans, berceau du jazz et gigantesque chantier avec ces maisons dévastées qui font penser à un pays en guerre, huit ans après. Au total 150 000 sinistrés, 1300 morts dont plus de la moitié issus de la communauté noire et comme l’a souligné le photographe américain Stanley Greene, un relent d’appartheid dans la gestion de la crise avec « dans les quartiers blancs, les supermarchés ont été ouverts aux gens, par solidarité. Dans les quartiers noirs, on a mis des gardes pour les empêcher de rentrer ! (…) Le but n’est pas de faire revenir les gens, mais de faire de La Nouvelle-Orléans une ville blanche et lucrative. (…) Des investisseurs recherchent partout les propriétaires des maisons détruites. Qu’ils rachètent pour 10 000 dollars. Katrina est la plus grande opération de spoliation de tous les temps. » Plus que des chiffres, ou des témoignages de spécialistes, ni d’entretenir une quelconque polémique, c’est à la rencontre des « vrais gens » et en apparaissant sans cesse à l’écran, un appareil photo à la main que Marie Drucker, en cherchant sans cesse la complicité avec ces interlocuteurs,  va rencontrer ces familles qui se sont retrouvées abandonnées, sans rien et qui grâce aux associations sortent la tête de l’eau en récupérant enfin une maison-souvent mieux que celle d’avant. Une nouvelle forme de journalisme « incarné » dont on regrettera quelques longueurs et qui pourra faire penser aux mauvaises langues à Rendez vous en terre inconnue mais qui a le mérite de donner vraiment à voir les choses, sans le filtre du montage ou un commentaire biaisé. De quoi prouver en tous cas que les pauvres, dans n’importe quel pays, sont un sujet de reportage qui n’est pas prêt de disparaitre…

LM

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