3 février 2012
Quand le Brésil investit le Marais


La galerie Torri est l’une des dernières à s’être installée rue Saint-Claude dans le Marais. Depuis son ouverture en 2010, le galériste Romain Torri impose sa programmation audacieuse et pointue. Défricheur de talents, il expose de jeunes artistes tels que Florian Pugnaire et David Raffini et a permis de redécouvrir à Paris les œuvres de grands artistes comme Hamish Fulton, Vera Molnar ou Braco Dimitrijevic. En ce début d’année où de nombreuses galeries ont choisi de montrer des « group show », il surprend encore.

L’exposition 23°33’ 42’’_ 46°40’ 09’’ présente le travail de sept artistes Brésiliens. C’est grâce à un échange avec la galerie Mendes Wood de Sao Paulo que cette exposition voit le jour. Peu représentée à Paris, la scène sud américaine de l’art contemporain est déjà bien implantée à Londres et à New York. En chef de file, l’artiste Tunga est celui dont le travail est le plus largement diffusé. Il présente ici une de ses sculptures aux formes organiques. Au fond de la galerie, une peinture attire l’œil, celle de Lucas Arruda. Décomplexé quant à l’héritage de la peinture, il est un des acteurs majeurs de son renouveau au Brésil. L’artiste présente dans ses tableaux des grands ciels et des lignes d’horizons qui nous invitent à rentrer dans sa peinture. Accrochés au mur ou posés sur le sol, les textiles découpés et assemblés d’Adriano Costa s’inspirent de la tapisserie médiévale et rappellent les « bandeirinhas » d’Alfredo Volpi. Formée à l’école des Beaux-Arts de Paris, Marina Simao explore dans ses toiles les limites du support. Elle utilise différents matériaux comme le polyester, le vinyle pour peindre ses sujets. Plus proche du minimalisme, l’œuvre de Deyson Guilbert « Glass with holy water next to glass with common water » (verre avec de l’eau bénite à côté d’un verre d’eau ordinaire ) questionne le symbole à travers l’art et la culture. Un des plus jeunes artistes de l’exposition, Theo Craveiro présente une vanité. Un miroir qui derrière son reflet montre de vrais fruits en décomposition. Après avoir crée le « buzz » à Art Basel Miami, l’artiste de Belo Horizonte Paulo Nazareth présente ici une vidéo : « Pe Vermeil » (pieds rouges). On le voit déambuler dans les rues de la ville les pieds colorés en rouge. Par ce geste simple, il rappelle les tensions sociales et économiques que traverse le Brésil et affirme ainsi la dimension politique de son travail. Cette exposition, à travers la diversité des œuvres et des pratiques des artistes,  montre combien la scène sud américaine est riche et dynamique; de quoi,  pour les collectionneurs, découvrir les noms d’ artistes qui  devraient rapidement compter sur le marché international de l’art contemporain.

 

 

Par Dominique Pineau

 

 

23°33’42’’ _ 46°40’09’’ / Mendes Wood hosted à la Galerie TORRI 7, rue Saint-Claude 75003 Paris Jusqu’au 25 février 2012

 

 

 

 


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