29 février 2012
Quand Hollande fait son Chirac

La relève corrézienne au Salon de l’agriculture est assurée ! C’est en tout cas l’image qu’a affiché François Hollande, mardi 28 février à la 49ème édition de ce rendez-vous devenu incontournable pour les politiques. Car si le monde rural n’est pas vraiment au cœur des préoccupations politiques le reste de l’année, le salon est un passage obligé histoire de leur montrer qu’ils ne sont pas oubliés. A la différence des autres secteurs où les visites sont rituelles dans les usines, les écoles, les chantiers en difficultés, peu se rendent dans une ferme – outre Bayrou, fils d’agriculteur ou la semaine dernière, François Hollande, chaussé de bottes en caoutchouc.  « Je ne suis pas en recherche de suffrage, les agriculteurs feront ce qu’ils voudront » annonce pourtant sans rire  le Corrézien, ajoutant« mais qu’est-ce que la droite a fait pour les agriculteurs ? »

Face à cet électorat traditionnellement ancré à droite et à priori perdu d’avance, le candidat s’est toutefois lancé dans un parcours marathon de dix heures – tentant d’éclipser les trois heures de Nicolas Sarkozy- sous des faux airs de « chiraquie ». Dans un costard tiré à quatre épingles, François Hollande s’est rendu au chevet de la France qui se lève tôt pour assister à la traite des vaches dès sept heures- tout comme le candidat Président. Et n’a pas hésiter à créer l’évènement en lavant une limousine au jet d’eau et à la brosse, le tout immortalisé par les caméras et les flashs des journalistes. François Hollande n’est pas là, « à la recherche de je ne sais quel record », mais  pour être au plus près de ces français qui vont dans deux petits mois voter. « Je dois donner la ligne et les Français attendent que je fixe la direction » a-t-il lâché.

Emporté par la foule

Entouré d’un essaim de journalistes filmant ses moindres faits et gestes, se déplaçant au rythme de ses pas dans les allées surpeuplées, comme un troupeau de moutons rappelant les vrais, parqués de part et d’autres, le stand de l’Aubrac a fait les frais de cette cohorte, litteralement retourné, les fleurs et autres décorations dans le Salon piétinées par le passage des journalistes et autres bousculades pour rester au cœur de la mêlée. François Hollande, lui-même, a d’ailleurs bien failli finir par terre après une tentative d’approche manquée pour saluer ses fans.

Au fil des stands, celui qui a,  pour devenir le candidat socialiste idéal, perdu 15 kilos, goûte à tout- après le pavé de bœuf au petit déjeuner en compagnie de syndicats paysans, il se laisse tenter par une brouillade aux truffes, quelques charcuteries, un morceau de pomme. « Le régime, c’est fini » rigole-t’il devant un stand de fromage de chèvres.  L’attroupement autour de lui ne cesse de grossir à mesure que les heures passent. Les « François président » se font plus intenses. Et le service de sécurité plus tendu. Deux œufs voleront non loin de lui.  Mais rien ne l’arrête alors qu’il continue de déambuler entre les vaches et les cochons. « Il casse l’image des parcours millimétrés de l’Elysée » constate un membre de son staff. Hollande n’en fait qu’à sa tête malgré l’exaspération des gros bras chargés de sa sécurité. Accaparé par le public, il manque la photo prévue avec Ségolène Royal et les Présidents  de régions. Rougi, mais inépuisable, il finit son marathon par un discours au stand de la Martinique, couvert par le bruit des percussions. Un symbole pour promettre qu’il ne « laissera pas tomber l’Outre Mer, fortement touchée par le chômage ». Puis, il revient sur sa proposition de taxer les revenus au-dessus d’un million d’euros par an. «C’est du patriotisme d’accepter de payer un impôt supplémentaire pour redresser le pays. » Et soudain, voilà que l’ombre de Chirac semble planer, lui qui tenta de séduire une partie de l’électorat de gauche en 1995 –souvenez-vous son célèbre « de gauche ? Bien sûr ! Je mange de la choucroute et je bois de la bière.» Alors pourquoi Hollande n’espérerait-il pas toucher celui de droite? Après tout,  au salon, il a marché sur les traces de celui que l’on surnommait « Serre la louche » en Corrèze, département qui a déjà donné à la France un Président, Jacques Chirac.

 Par Jim

 

 

Articles similaires