3 novembre 2015
Pieds nus inégaux à Garnier

ATDK05

19heures 30, c’est tôt pour être au spectacle. L’Opéra Garnier et Bastille imposent un timing serré pour qui travaille et veut être à l’heure, avec le risque pour tout retardataire d’être confiné à suivre le début du spectacle devant un écran. Pour cette entrée au repertoire de trois pièces de jeunesse de Ann de Keersmaeker, soyez tranquille: vous pouvez arriver à 20 heures. La musique de Bela Bartok quand le quatuor présent sur scène joue, sinon un concert de toux, des danseuses qui sautillent, voilà qui ressemble plus à un spectacle du Théâtre de la Ville et plonge dans l’ennui celui qui le regarde. On peut se rattraper en observant la salle mais une demi-heure c’est long quand on s’ennuie…Heureusement, le second tableau, avec une impériale Alice Renavand habillée en costume d’homme évoluant dans une lumière sublime au milieu de sept danseurs habités par l’énergie de la chorégraphe flamande réveillent enfin la salle; les corps virevoltent, se projettent dans le vide, roulent sur la scène, se tordent sur les notes de Die Grosse Fugue de Beethoven avant que la troisième partie ne confirme qu’il y a là une chorégraphe majeur. La nuit transfigurée, oeuvre parmi les plus accessibles de Schoenberg se prête à des chassés croisés de couples- Emilie Cozette y est époustouflante, liane à la fluidité parfaite, dansant dans une lumière  crépusculaire au milieu de feuilles mortes. Le tableau n’est pas sans évoquer Pina baush, ces corps qui s’abandonnent, avec un corps de ballet à son meilleur. Marie Agnès Gilllot est à son habitude parfaite; son corps se casse, se plie avec une maîtrise renouvelée dans chaque geste. Ouf, on a pas perdu sa soirée, laquelle finit à 21h20. Une bonne heure pour une fin d’automne.

AW

Ann de Keersmaeker, Palais Garnier jusqu’au 8 novembre 2015

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