24 mai 2018
Philip Roth, la plume acide de l’Amérique

Il n’ a jamais eu le Nobel. Et pourtant, Philip Roth était un des plus grands écrivains contemporain américain. Très apprécié en France, il était entré dans la prestigieuse pléiade en 1984 pour sa trentaine de romans, écrivain à la fois spontané et d’une grande sophistication. Tout au long de son oeuvre-il avait arrêté d’écrire en 2012- il n’a eu de cesse de dénoncer l’Amérique dans ses dérives. Ainsi dans son roman publié en 2004 Le complot contre l’Amérique décrivait-il bien avant l’ère Trump, une Amérique secouée par l’extrémisme et l’antisémitisme. Dans une interview en janvier dernier, Roth, alors âgé de 84 ans, disait n’avoir jamais anticipé « une Amérique comme celle dans laquelle nous vivons aujourd’hui » ni imaginé « la catastrophe qui devait s’abattre sur les Etats-Unis au 21e siècle, le désastre le plus avilissant, non pas sous la forme d’un +Big Brother+ orwellien mais d’une figure ridicule de bouffon fanfaron de comedia dell’arte ». C’est le livre Portnoy et son complexe, roman comique en forme de monologue d’un jeune avocat juif traumatisé par une mère à l’amour étouffant sur le divan de son psychanalyste. qui l’avait révélé au grand public en 1969. L’ouvrage avait fait scandale, à la fois pour ses descriptions sexuelles très crues et sa façon d’aborder la judaïté. Dans La Tache, publié en 2000, il avait fustigé l’ère Clinton à travers la affaire Monica Lewinski, observateur sans relâche des travers de son pays, en dénonçant le conservatisme et le puritanisme. Pas étonnant dès lors que Trump n’ait même pas tweeté sur sa mort…

AW

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