10 juin 2012
Pascal Louvrier/ Le petit animal

Rarement couverture de livre a illustré à ce point avec pertinence un livre. Ce regard de Françoise Sagan, tenant un chat, mi-ange mi-démon, tout est là. Toute cette jeune fille née près la mort de son nourrisson de frère, dans une famille bourgeoise pas totalement conformiste où son père « homme sans gravité » l’adulait et son frère l’attirait. Incapable de se fondre dans le système scolaire, « Pas mauvaise élève. Absente » écrit un professeur, elle s’enferma l’ été de ses 17 ans dans l’appartement haussmanien familial pour faire ce qui allait être, et sauver sa vie, écrire. Coup de maître, Bonjour Tristesse, est le mythe fondateur de cette écrivain aujourd’hui injustement boudée. La suite est racontée avec une vision très-trop? -personnelle par Pascal Louvrier dont les commentaires sur notre époque, prétexte à un ton très « Valeurs Actuelles », journal auquel il collabore, sont parfois un peu agaçants. Et inutiles pour redonner vie à cette figure libre qu’il saisit par ailleurs avec beaucoup de justesse: « la lucidité lui a fait définitivement quitter le monde de l’enfance, mais elle ne peut se résoudre aux adieux tant celui des adultes est insupportable ». Ainsi Sagan-un pseudonyme tiré de Proust et « qui sera synonyme d’art (épuisant) de vivre ». Stendhal a écrit que « l’amour est une merveilleuse solitude à deux » ce qu’elle ne cessera de confirmer dans ses écrits, préférant les sentiments à tout autre sujet. A moins que contrainte et forcée, elle ne parle dans Toxique de sa cure de désintoxication, elle qui pour supporter la brutalité du monde et les vraies douleurs suite à son envol en voiture, prenaient des piqures de Palfium toutes les deux heures. Des années plus tard, à Bogotta, elle fera une overdose alors qu’elle accompagnait le Président Mitterrand, devenu un ami. Car, elle en eut beaucoup, fidèles d’entre les fidèles, comme Jacques Chazot, ou Bernard Franck dont elle dit qu' »il savait qu’on perd aussi bien les amis à force de vouloir les comprendre qu’à force de ne pas le faire. » Alors si Sagan est «  l’écrivain de l’été qui parle de l’hiver des sentiments », offrez vous ce livre pour passer celui-ci et relisez la grâce à Stock qui a eu la belle initiative grâce à Jean Marc Roberts de republier nombre de ses textes.Vous bronzerez plus joliment…

LM

Sagan, un chagrin immobile de Pascal Louvrier aux Editions Hugo et cie– 17, 95 euros

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