9 janvier 2014
Palais Galliera/ Alaïa, le sculpteur de ces dames

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C’est avec le plus petit des couturiers par la taille mais dont la virtuosité s’ affiche sur les soixante dix silhouettes exposées à l’oeil du visiteur que le Palais Galliera, le Musée de la mode de la ville de Paris a rouvert ses portes, après quatre ans de travaux, en septembre dernier.  Le lieu, magnifique palais de la fin du XIXème siècle ayant appartenu à la duchesse dont il porte le nom, a bénéficié de généreux mécènes pour offrir à nouveau un temple à la mode sans laquelle, chacun sait,  Paris ne serait pas Paris. Azzedine Alaïa n’ est, heureusement pour lui, pas aujourd’hui voué comme nombre d’autres grands couturiers, à ne plus être que dans les musées. Celui qui s’est formé section sculpture aux Beaux Arts de sa ville natale, Tunis, continue de sculpter le corps des femmes comme nul autre avec ses tissus stretch, et autres bandelettes à  réserver toutefois aux tailles 36 et aux portefeuilles capables d’ investir plus de 2500 euros dans une robe. Pour les autres, cette rétrospective est l’occasion de retrouver ses créations où le noir prédomine, indémodable et sexy en diable comme lorsqu’il s’associe à des zips dorés, mais également découvrir combien le couturier-terme qu’il revendique à l’exception de tout autre- est également maître dans la coupe floue, cela sans jamais avoir fait école de mode. « L’ épaule est essentielle tout comme la taille,  la poitrine, on s’en arrange toujours » dit-il, comme les mannequins transparents dans une très belle scénographie en témoignent, offerts aux regards sous tous les angles grâce à un système qui les fait tourner. De 1979, date de son premier défilé à domicile à aujourd’hui, il a par ailleurs toujours refusé les shows médiatiques, la publicité ou les vitrines, préférant défiler à domicile.

 Galuchat et taille fine

Les années 90, l’ Afrique devient source de inspiration; saharienne, perles, objet vaudou, galuchat et coquillages, cuir, imprimé léopard, autant de matières qui apparaissent pour servir cette obsession qui est la sienne : « que la femme soit belle ». Alaïa n’a eu de cesse en effet d’être « au service »,  faisant dire à sa grande amie Arletty: « C’ est l’ artiste de la générosité ». La dernière salle montre des vestes à la coupe fascinante, taille ajustée, col châle s’ inspirant des tenues d’amazones , des uniformes militaires ou des religieuses qu’ il côtoya à Tunis, avec cette idée « d’être tenue tout en demeurant libre« .Avec des lignes pareilles, il n’est point besoin d’ artifices;  Alaïa n’a ainsi jamais créé de bijoux ni d’ accessoires, rendant sans doute fous les investisseurs …C’est pourtant lui qui a inventé le leggings, tellement repris depuis. Et fait de lui un très grand, mais très discret couturier sans doute un des derniers…

AW

Alaïa, jusqu’au 26 janvier au Palais Galliéra

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