22 janvier 2014
Oscars et expiation

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Si l’Europe n’en finit pas de ressasser à travers ses films l’horreur de l’Holocauste, c’est le passé esclavagiste des Etats-Unis qui constitue une des premières sources d’inspiration et d’expiation de nombre de réalisateurs hollywoodiens. Après Lincoln ou Django Unchained, ce nouvel opus réalisé par Steve Mac Queen s’intéresse une fois encore à cette période où un Noir était traité comme un animal, corvéable à merci et vendu comme une vulgaire marchandise. La vie de Solomon Northup, musicien et père de famille noir avait pourtant bien commencé. Né du « bon côté », dans l’Etat de New York où les Noirs étaient des hommes libres depuis 1841, il n’aurait jamais dû connaître le sort de ses frères de couleur qui, parmi les 11 millions d’Africains convoyés aux Etats Unis entre 1501 et 1807 (date où l’importation d’esclaves devient interdite), étaient toujours « détenus » dans les Etats du Sud. Soûlé par deux aigrefins, il se réveille prisonnier des fers, battu puis vendu comme esclave en Louisiane, un des 13 Etats encore esclavagistes, devant apprendre à se taire et se nier comme homme cultivé sachant lire, pour survivre – cela pendant douze années. 12 years a slave témoigne ainsi de la cruauté que les hommes peuvent avoir envers leurs semblables dès lors que la loi ou un chef leur confèrent tous les pouvoirs, avec la certitude que leurs victimes sont des sous-hommes. Mais là où tant de films ont montré avec plus ou moins de talent cet état de fait effrayant, 12 years a slave, élu meilleur film de l’année aux Golden Globes, propose de voir cela à travers un Noir qui découvre l’esclavagisme en tant qu’homme qui a grandi libre, donc avec les mêmes croyances que les nôtres. Chiwetel Ejiofor incarne cet homme, assurant une performance taillée sur mesure pour les Oscars tout comme ce film à la réalisation très hollywoodienne, malheureusement trop efficace et grand public pour en faire un grand film.

LM

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