6 avril 2012
Orangerie/ La beauté selon Debussy

« Moi qui aime les images presque autant que la musique ».Debussy avait les yeux aussi avides des belles choses que ses oreilles. Les arts visuels, peintures sculptures l’ont  ainsi inspiré plus que de raison en cette fin du XIXème où il y avait de quoi se régaler. Degas, Whistler, Turner, Claudel, Vallodon,  Munch, Vuillard- les femmes sont belles, les couleurs sont douces avec des toiles préraphaelites et la guerre n’est pas encore passée par là. Mélisande,  femme mystérieuse et emplie de perverse innocence, Debussy va s’inspirer de tous ces artistes à une époque où les arts se parlent et se répondent à l’image de cette fort jolie exposition où les vases de Gallé dialoguent avec les toiles de Maurice Denis ou les charmants intérieurs  d’Henry Lerrole. Derrière un voile de gaze noir, se dessine le cabinet de Debussy, son bureau, son crapaud japonais, son encrier fétiche, de quoi noircir des partitions qui ont été prêtées par la Bibliothèque Nationale, trésors où les notes s’offrent aux yeux, que ce soit pour Pélléas et Mélisande son unique opéra ou l’Après midi d’un faune, la Boite à joujou-écrit pour sa fille ainsi que « la Mer » dont la couverture s’orne de la célèbre vague d’Hokusaï. L’orientalisme, le japonisme, l’art nouveau, tout fut prétexte à la création, à composer cette belle musique qu’allongé sur un canapé l’on peut écouter grâce à un haut parleur. Dommage en effet que l’exposition ne soit pas plus à entendre dans les salles. Reste le bonheur de replonger dans une époque extrêmement artistique avec ces magnifiques toiles de Whistler préfigurant l’abstraction-« le plus beau créateur de mystère qui soi » disait Debussy, lequel  « décrocha » dès l’apparition des couleurs vives de Derain, refusant sans doute d’entrer trop radicalement dans le XXème siècle…

LM

Jusqu’au 11 juin -Musée de l’Orangerie

Articles similaires