25 décembre 2013
Offenbach gay friendly

extrait-du-spectacle-la-grande-duchesse-de-jacques-offenbach-au-theatre-de-l-athenee-louis-jouvet-a-paris-le-11-decembre-2013_4647182
Il fait nuit dans le régiment du général Boum et la voix de Wanda appelle son Fritz bien aimé à revenir se blottir contre lui. Lumière : c’est le soldat Krak qui réclame son tendre compagnon, et le général Boum de pester contre l’intrusion d’une femme dans son régiment. Loufoque valse des grades et des étiquettes, la satirique Grande Duchesse de Gerolstein devient dans l’adaptation qu’en donne la compagnie Les Brigands un joyeux mélange des genres, clin d’œil de connivence par rapport aux débats sur le mariage pour tous. La relation entre le Général Boum lui-même et le Baron Puck ne s’arrête peut-être pas à l’ambition politique, et le Baron Grog, joué par Emmanuel Goizé, est « une femme, mariée avec trois enfants ». Pas étonnant que, dans ce monde d’hommes où les identités sont inverties, la pauvre Grande Duchesse ne trouve rien qui puisse la consoler du pâle Prince Paul, éternel prétendant finalement couronné.

Habile adaptation

L’ordre en ressortira sauf, mais pas la partition, habilement réorchestrée par Thibault Perrine pour dix musiciens. Le résultat, tout à fait dans l’esprit parodique d’Offenbach, dégage une fraîcheur piquante qui compense un allègement des saveurs originelles. Si les coupures réalisées accélèrent le rythme du spectacle, il faut accepter d’être privés de certaines pages hautes en couleurs, comme le chœur « Bonne nuit » entonné avant la charge lancé contre Fritz, dans sa chambre nuptiale avec Wanda – pardon, Krak – qui servira de bis à la fin de la soirée, un peu à la façon des suppléments aux gravures discographiques. Il reste au moins le jeu pêchu des instrumentistes, placés sur scène,  sous la baguette complice de Christophe Grapperon, et un jeu d’acteurs parfaitement huilé, réglé par Philippe Béziat, le réalisateur de Traviata et nous sur les coulisses de la production d’Aix sorti l’an dernier. Applaudissons le talent des comédiens de la troupe et l’irrésistible noblesse de pacotille d’Isabelle Druet en Grande Duchesse. Et tant pis si le spectacle dépense un peu trop vite sa poudre zygomatique…
Gilles Charlassier
La Grande Duchesse de Gerolstein, Théâtre de l’Athénée, jusqu’au 5 janvier 2014

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