10 janvier 2013
Offenbach fait l’école buissonnière à Rennes


On ne remerciera jamais assez le grand Jacques (Offenbach) pour le vivier d’ouvrages pétillants qu’il nous a légué, fonds idéal où puiser pour bien commencer l’année. Ainsi en a décidé l’Opéra de Rennes, qui présente en ces premiers jours de 2013 les aventures du rusé berger Pâris et de l’épouse de Ménélas, La Belle Hélène, dont on sait comment elles se termineront, faisant du roi de Sparte un mari cocu mais content. L’amuseur du Second Empire n’a pas pris une ride, et cette version de poche pour une dizaine de musiciens mise en scène par Vincent Tavernier en fournit un remarquable exemple, dans une production qui a tourné sur les terres bretonnes avant d’être accueillie par la principale institution lyrique de la région.
Le décor de tranches de livres imaginé par Claire Niquet, reliques fastidieuses des années de rhétorique, économise sur les moyens mais certainement pas sur l’efficacité de procédés qui ne vieillissent pas. Xénophon soutient l’inénarrable défilés des rois de la Grèce – irrésistible condensé de clichés antiques bons pour le bachot  – quand Platon respire les effluves d’une triste couche conjugale heureusement égayée par la tentation adultère d’une reine dont « on connait la réputation » – et ce n’est pas celle que l’intéressée croit…

Orchestre réduit mais plaisir garanti

L’humour volontiers goguenard voire potache des inséparables Meilhac et Halévy, fidèles comparses du compositeur, n’a pas échappé au metteur en scène comme aux chanteurs, tous excellents acteurs, qui y prennent un plaisir aussi manifeste que partagé. On retient évidemment le rôle-titre délicieusement minaudé par Julie Robard-Gendre. Avec son timbre clair, Marc Larcher présente tous les atours du juvénile Pâris. La confrontation avec le pataud Ménélas d’Olivier Hernandez n’en devient que plus piquante. Le reste du plateau ne démérite point, non plus que le chœur de l’Opéra de Rennes.
Alors bien sûr, dans l’adaptation de Gildas Pungier, à la tête de solistes de l’Orchestre Symphonique de Bretagne, les ensembles subissent une cure d’amaigrissement un peu frustrante, et les embardées rythmiques étourdissent plus sobrement. Mais l’on gagne en clarté, en particulier dans les articulations, éclairant avec intelligence les ressorts dramatiques de l’œuvre. Moins consistant parfois peut-être, le fruit n’en reste pas moins savoureux. Et l’on s’y reprendrait bien à croquer dedans. Avis aux programmateurs…
GC
La Belle Hélène, Opéra de Rennes, jusqu’au 6 janvier 2013

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