2 décembre 2012
Noël tchèque à Barcelone


C’est en Europe centrale que cette année le Teatro del Liceu prend ses quartiers pour Noël. En avant-goût de la Rusalka de Dvorak qui sera donnée à partir du 22 décembre prochain dans une version sans doute aussi audacieuse que passionnante de Stefan Herheim, grande figure du théâtre norvégien dont nous avions pu mesurer cet été l’intelligence et le talent dans le Parsifal de Bayreuth, la vénérable institution catalane invite le Ballet national de Prague pour un incontournable pilier des programmations de fin d’année : Casse-noisette.

Casse-noisette chez Dickens

Youri Vamos, le chorégraphe, a choisi de mêler l’histoire bien connue de Clara et Drosselmeier à celle du Conte de Noël de Dickens. Sur une place aussi british que recouverte d’une neige cotonneuse, le mystérieux oncle prend les traits de l’avaricieux Scrooge – Marc Wenke – qui refuse d’aider à la famille Cratchit, désargentée, laquelle repart avec un maigre poulet aux chairs pendouillantes pour tout réveillon en échange de la bicyclette. La nuit tombe et le vieillard va se coucher, non sans refuser toute offrande aux enfants à sa porte. C’est alors que le père Cratchit, Bob, lui apparaît en rêve sous la forme d’un démon à la danse déchaînée – Viktor Konvalinka ne fait pas dans la demi-mesure dans son costume de cuir infernal – , autant que les touments qu’il fait subir au vieil homme qui, du coup, se repend de sa mesquinerie. La petite Clara s’envole sur un traîneau aux côtés de son prince – élégants Jade Clayton et Adam Zvonai, lequel apparaît aussi en bobby au premier tableau : c’est le miracle des rêves que de sublimer les personnages de la vie sociale. Scrooge distribue ensuite des cadeaux aux enfants blottis dans le lit au pied du sapin en attendant minuit, rejouant la scène où Drosselmeier n’a plus rien pour la petite Clara, avant que tous ces marmots se régalent autant que nous de la succession des danses russes, espagnoles, arabes, fouettés, tours, etc. Au petit matin, Scrooge se réveille rendu meilleur par la magie des songes et les murs de sa chambre se retournent pour reformer la place anglaise du début. Tout le monde se retrouve, réconcilié par la féérie de Noël, partagée par le public, immanquablement séduit par la musique de Tchaïkovski servie ce soir par l’Orchestre du Liceu sous la baguette de Sergej Poluektov.

Par Gilles Charlassier

Casse-noisette, Ballet du Théâtre national de Prague, du 22 au 25 novembre 2012
Rusalka, de Dvorak, du 22 décembre au 14 janvier 2012

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