4 novembre 2012
No, I can’t

Si les médias français se passionnent pour les élections américaines, avec force d’envoyés spéciaux pour nous montrer une Amérique en crise, avec des villes abandonnées, un maire qui était prêt à faire partir un marathon d’un coin particulièrement sinistré, car pauvre, de sa ville( où les gens continuent d’être sans aucune aide cinq jours après le passage de Sandy et où l’on retrouve encore des cadavres) il est fort à parier que beaucoup de français doivent se dire devant ces images que « pas la peine d’aller aussi loin pour montrer la crise »…Tous les analystes s’emploient à le dire, ce qui se passe aux Etats-Unis finit toujours par nous arriver, avec un léger retard. En disséquant le bilan des quatre années d’Obama au pouvoir, on réalise combien l’espoir qu’il a fait naître, après Bush et huit années de présidence républicaine a été mis à mal par la conjoncture et l’épreuve du pouvoir. Sur ses six promesses que rappelle avec talent le documentaire de William Karel, son « big bang » (voir article), la plupart n’ont pas été tenues, y compris ce qu’il souhaitait comme son héritage, l’Obamacare, en offrant aux plus démunis une couverture sociale; amateurisme, effet d’annonce, précipitation, luttes internes dans son propre gouvernement, violente opposition des républicains ainsi que la crise économique la plus grave qu’ait connue les Etats-Unis depuis la seconde guerre mondiale, notamment pour l’industrie automobile, on ne peut éviter de faire le parallèle avec les premiers mois de la présidence Hollande.

Le président, une marionnette

Beaucoup de ceux qui ont voté pour Obama en 2008 sont déçus; ils ont perdu leur jobs, l’on vu recapitaliser les banques qui avaient saisi leurs maisons, et à part son Nobel de la paix et la mort de Ben Laden- qui ressemble à un mauvais film de cow-boy , échouer dans sa politique étrangère avec, pour l’instant des soldats américains qui meurent encore en Irak et en Afghanistan. La vérité, c’est que contrairement à ce que titre ce dimanche le Journal du Dimanche« Ceux qui vont diriger le monde, » l’homme politique n’est plus qu’une marionnette dans ce théâtre où les ficelles sont tenues par les financiers et ceux qui détiennent le capital. Et que dans une société où le travail se raréfie-on achète moins de voitures américaines ou françaises à l’image de Peugeot ou Renault -26% de ventes sur ce mois-alors comment continuer à employer autant d’ouvriers? L’équation est d’un niveau d’école primaire et face à cela, aucun chef d’Etat ne peut grand chose. Les américains l’ont bien compris, ce qui ne les empêchent pas de vouloir sanctionner celui qu’ils ont vu comme un messie. Et d’être tenté par Mitt Romney qui leur promet- dans une campagne électorale où il dépense 77 millions d’euros par mois grâce aux super PAC, ces trustees qui permettent de récolter des fonds sans limite auprès des entreprises comme Goldman Sacks, Bank of America, JP Morgan et Morgan Stanley-quatre banques qui sont ses principaux donateurs (à titre de comparaison, 21,9 millions d’euros ont été dépensés pour toute la campagne de Hollande) afin d’acheter quantité de spots TV pour rappeler le bilan très moyen, il est vrai, de Barack Obama. Puis de convaincre que lui, au contraire saura relancer l’économie comme il a su gérer ses entreprises. Un milliardaire-il deviendrait avec 200 millions d’euros de patrimoine le plus riche président élu de l’histoire américaine (payant 14% d’impôts contre 35% pour la plupart des américains-sic)– « ça sait gagner de l’argent, alors avec lui, on risque de mieux s’en sortir » se disent ainsi un nombre croissant d’électeurs pauvres jusqu’à présent démocrates. Ce qui fait que cette élection tient une fois encore dans un mouchoir de poche, avec les deux candidats à deux jours du scrutin, à égalité. Tard dans la soirée de mardi, la réponse viendra sans doute de l’Ohio, cet état sans lequel jamais un président n’a pu se faire élire-tandis que les votes du  Harry’s bar de Paris qui ne s’est que deux fois trompé, donnent Obama vainqueur.
Dans tous les cas, mercredi matin, sera un jour normal pour bien des américains et plus encore, pour nous autres français.

 

Par Laetitia Monsacré

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