27 décembre 2011
Nicolas a-t-il du coeur?

La nouvelle est tombée après Noël. Il manque 5 millions d’euros aux Restos du cœur; Olivier Berthe, son président et Véronique Colucci, veuve de Coluche, ont -ils demandé, en aparté, au Président de sortir son carnet de chèque jeudi dernier? En tous cas, il n’a pas été avare de son temps au vu des mines inquiètes de son dircab Guillaume Lambert et le staff chargé de gérer son emploi du temps; et le président de prendre des notes, d’écouter les différents intervenants, complimentant une bénévole sur son absence de maquillage, s’enquérant du futur des manutentionnaires. La journaliste du Parisien, coutumière à ces déplacements millimétrés, eut pour sa part, droit à un « votre doudoune, elle ne vient pas de France ! » sur le ton de la complicité, ce qui ne la fit même pas rougir…habituée qu’elle est sans doute aux petites phrases présidentielles. Grosse tension cependant avant son arrivée- triple contrôle du badge avec pièce d’identité, motards, gros bras et flics en civils armés de talkies walkies autour de quartier d’entrepôts de Vitry, cette cité ouvrieuse où, entre les rue d’Agesiras, Salvador Allende et des panneaux vantant le salon international Musulman, les Restos du coeur ont installé leurs stocks. Ici, de 6h du matin à 12h environ, se relaient une vingtaine de personnes, la plupart « n’ayant rien à lui dire, vous savez c’est juste un homme comme tout le monde », afin de mettre sur des palettes chaque envoi pour les restos d’Ile de France. Et à quelques jours de Noël, le moins que l’on puisse dire c’est que ça ne ressemblait pas à des victuailles de fête..En tous cas, il n’y faisait pas trop froid, c’est déjà ça…

Placement stratégique

Donc, au début, on attend. Le préfet est là en belle tenue, casquette et uniforme, un car arrive avec les journalistes partis de l’Elysées « les embedded des embedded », les costards cravates se promènent dans les allées du hangar, offrant une vision pluton insolite-genre happening artistique- au milieu des manutentionnaires, la plupart africains, puis haie d’honneur, à gauche les bénévoles, à droite les journalistes. A midi pile, la voiture avec les petits drapeaux bleu blanc rouge et deux motards en civils montés sur une moto banalisée arrivent. La journaliste de RFI commente, en  vieille routarde expérimentée, les journalistes prenant place dans le cortège comme une course hippique » untel est à la corde, suivi de untelle au taquet ». Mais pour l’instant, ça risque surtout  d’être une caméra dans l’œil tant le mouvement s’accélère soudain. » Bonjour, bonjour », le ton est celui d’un petit garçon, j’y aurai droit trois fois-pas très physionomiste le Président…mais empathique, ça c’est certain, avec cette voix digne d’un curé au confessionnal pour interroger tous ceux qu’il croise. « Joyeux Noël quand même » dit-il à ce père africain, qui ne se plaignait pourtant de rien et qui, le sourire en banane, souhaite de joyeuses fêtes au « petit bébé ». Mais, la situation est grave alors pas question de rire, ni de se réjouir pour le Président. « C’est fantastique » s’exclame-t-il devant les rayonnage de lait à l’annonce des m2 de l’entrepôt tandis que Roselyne Bachelot ne dit mot- la consigne a du être « tu la boucles »– et sourit. « Il existe une formation pour être manutentionnaire? «  Le Président s’intéresse, prend son temps, caresse « je suis content de vous avoir rencontré ». Et puis, le voilà emmené à l’étage, dans une salle de conférence pour une réunion prévue mais assez improvisée au grand dam des journalistes radio- pour lesquels il faut du son…De quoi manquer « un parlez le plus franchement possible «  lancé aux intervenants. Mal logement, détresse, chômage, le Président prend des notes, avec un rictus. La  moue est dubitative, il écoute sans interrompre, plaisante- selon. L’heure tourne. Poli,  il ne regarde pas sa montre même discrètement,  cite ses chiffres par cœur- les fiches ont été bien préparées, appelle chacun par son prénom- bien retenu- et scande « vous rendez service ». Puis, faisant ses gammes pour ses futurs slogans de campagne « On doit vous faire confiance. Notre problème est là ». On reparle  de logement, de loyers trop cher, de HLM occupés par les mauvaises personnes, des aides« Comment ca s’appelle déjà? Ah oui l’APL !« , d’administration trop rigide, puis c’est fini- rien n’ a été donné, ni annoncé. « J’espère que ça ne vous a pas trop ennuyé ce que je vous ai dit «  lance-t-il en partant. La question restera sans réponse…On regrette Coluche, lui aurait su quoi répondre, non?

Par Jim

 

                  

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