17 mars 2013
Musée d’Orsay/ Romantisme noir

Belzébuth, Médusa, et autres créatures étranges ou diaboliques-selon, vous attendent sur les cimaises du Grand Palais avec cette exposition L’Ange du bizarre revenant sur ce courant romantique noir qui traversa la peinture, la sculpture et les arts graphiques tout au long du XIX ème siècle. Vampires, spectres, chauves-souris, salamandres, châteaux hantés, au total 200 oeuvres qui firent frissonner pendant toute cette époque marquée par l’avènement de l’industrialisation et donc assez terre à terre. Née avec le roman noir en Angleterre puis arrivée en France en 1815, cette sensation de « perte de maîtrise » sur la nature extérieure va permettre de s’affranchir des conventions sociales qu’ impose cette nouvelle classe- la bourgeoisie. Cannibalisme, satanisme, infanticide, l‘Enfer de Dante inspire tout comme les écrits du  Marquis de Sade ou de Milton  les peintres Füssli comme ce Cauchemar, Blake ou encore Delacroix avec son Radeau de la Méduse. Autant de toiles « grand format » à découvrir en entrant dans ces salles d’exposition aux couleurs sombres comme il se doit. Héros shakespearien, Hamlet, Macbeth inspirent tout autant, à moins que ce ne soient les légendes wagnériennes ou les paysages comme les ruines de Lessing.

De Méduse à Frankenstein

Estampes de Goya, lavis d’encre de Victor Hugo, l’exposition offre un voyage entre le merveilleux et le tragique comme cette superbe sculpture de Paul Dardé représentant  Méduse, cette vierge violée par un Dieu et défigurée, à la chevelure de serpents. A la fin du siècle, Munch, Odilon Redon, ou Gustave Moreau donneront une deuxième vie à ce courant artistique, avec cette idée d’une nature dévorante, détruisant le bonheur individuel avant que les surréalistes ne s’en inspirent à leur tour comme Dali, Max Ernst ou Masson. Des extraits de films comme Frankenstein ou Dracula, complètent dès les années 1930 cette aspiration à s’évader et se faire peur dans une exposition qui réussit parfaitement à s’évader des contingences du quotidien. Pas mal en ces temps gris…

LM

L’ Ange du bizarre jusqu’au 9 juin au Musée d’Orsay

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