5 octobre 2012
Mozart au musée Bastille

Souvent imitées, de Miller à Scarpitta en passant par Martinoty, rarement égalées, les Noces de Figaro de Strehler appartiennent à la légende de l’opéra. Aussi étrange que cela puisse paraître, ce fut la première production du célèbre chef d’oeuvre de Mozart à entrer au répertoire de l’Opéra de Paris. Jusqu’en 1972, il était donné en français à la salle Favart ! Après quarante ans de bons et loyaux services, la production avait été déclassée avec l’entrée en fonction de Gerard Mortier, qui lui a préféré la vision plus controversée de Christoph Marthaler importée de Salzbourg. Lorsqu’elle est revenue sur les planches de la Bastille, les décors et une partie des costumes ont donc été reconstitué à partir de la version de Milan. Autant parler d’une résurrection.
On le sait, il est toujours risqué de faire parler les morts. Même repris soigneusement par son assistant Humbert Camerlo, le transfert dans le vaisseau Bastille, initialement désavoué par le maître, a décidément les épaules un peu larges pour la direction d’acteurs du metteur en scène italien. Du coup les perspectives et toiles peintes se font plus monumentales qu’écrin intimiste – n’oublions pas que les deux premières soirées en 1973 eurent lieu à l’Opéra de Versailles… Dommage car les chanteurs s’attachent à incarner leurs personnages. La plupart d’ailleurs passent sans difficulté la rampe, à l’exception de la Susanne colibri de Camilla Tilling. S’il s’est assagi, Evelino Pido n’en a pas gagné en précision – regrettable dans cette véritable horlogerie des sentiments.
On ne saurait refuser à la nouvelle génération et aux néophytes l’opportunité de rejoindre les trois cent mille sepctateurs à avoir applaudi ces mythiques Noces, même si la muséographie s’embaume peu à peu – ce qui ne doit pas déplaire à une frange du public venu pour la magie des belles robes…

Par Gilles Charlassier

les Noces de Figaro à l’ Opéra Bastille jusqu’au 25 octobre -19h30

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