24 mars 2018
Mort et naissance sur papier

Ce mercredi soir, il fallait jouer les grands reporters pour se rendre près de la Porte d’Aubervilliers dans un hall de gare désaffecté-enfin de nuit on ne sait pas trop bien ce que c’était-pour découvrir un nouvel hebdomadaire, Vraiment, lancé par une troïka de journalistes dont Jules Lavie, ancien journaliste à France Info. Un lancement pour un pari de deux millions d’euros avec neuf journalistes permanents, dix pages de pub sur 84 pour un tirage à 150 000 exemplaires. Un lancement qui intervient trois mois après celui d’Ebdo qui a annoncé ce jeudi 22 mars l’arrêt de sa publication après seulement trois mois d’existence.  Car Ebdo a déçu: les lecteurs malgré une campagne imposante sur les kiosques n’ont pas mordu à ce journal qui proposait des sujets décalés et a révélé avec courage l’affaire Hulot. Vilipendé par ses confrères, ce scoop aurait fait fuir un des actionnaires qui avec deux millions d’apport aurait permis une levée de fond bancaire, sous forme de crédits afin d’assurer les 14 millions de budget annuel du magazine. Avec cinquante rédacteurs dont la moitié en CDI, le journal devait en effet convaincre vite ce qui n’a pas été le cas avec des ventes en kiosque qui ont chuté de près de la moitié entre le numéro un et le numéro deux et des abonnements qui n’ont pas suivis, notamment chez les fidèles de XXI siècle ou 6mois, les deux autres publications appartenant à Laurent Beccaria et Patrick de Saint Exupéry.  « Comme autant d’amis que l’ont déçoit », voilà comment les deux fondateurs du journal ont annoncé ce jeudi la fin du magazine à ses lecteurs, avec la veille une mise en cessation de paiement de toute l’entreprise, avec l’idée de laisser couler Ebdo pour sauver les deux autres. 

Vraiment, un vrai magazine d’information

Bien loin de le rue Visconti où Ebdo avait rénové à grands frais l’ancienne imprimerie de Balzac, Vraiment s’est donc dévoilé dans un hangar où l’on pouvait boire la bière artisanale Gustave ou manger des burgers et des gaufres liégeoises dans dans food truck sous fond de musique de djeuns assurée par un DJ. En couverture de ce numéro un, un solide article sue What’s App; sur six pages, on y apprend qu’un milliard de personnes à travers le monde utilisent ce mode de communication gratuit qui permet de parler et d’échanger messages, photos et autres documents. Le modèle économique, grossir et se faire racheter ce qui est arrivé au fondateur, un ukrainien de 16 ans qui arrivée en 1992 en Californie a l’idée de créer un système informatique pour échapper aux écoutes systématiques dans l’ex-URSS. Associé à un entrepreneur américain, ils vont créer cet outil extraordinaire qui vont permet de parler de l’Algarve à l’Alaska gratuitement avec votre amoureux ou vos parents. Racheté par Facebook en 2014 pour 22 milliards d’euros, le groupe de Mark Zuckerberg a assuré la fortune de ses créateurs mais risque avec les dernières affaires de revente de fichiers de faire payer aux utilisateurs le prix fort; l’utilisation de leurs données. D’ autres articles sur le populisme, sur la gestion des djihadistes dans une prison française, sur kits en vente libre de test ADN au USA, quinze pages consacrées à la culture baptisées Au Calme-Ebdo n’en avait que deux- vous l’aurez compris, l’idée de Vraiment est de « se libérer de l’actualité chaude » pour enquêter plus en profondeur avec cette impression à l’arrivée d’avoir vraiment appris des choses-et là c’est nous qui prononçons ce mot. Alors de la part de Jimlepariser, un vieux de sept ans qui n’a jamais osé le pari financier d’aller sur le papier, tous nos voeux de réussite!

Par la rédaction

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