20 janvier 2013
Mort aux ordures

Il est encore beaucoup question de dynamite dans le dernier film de Tarantino. Après Hitler qui saute dans un cinéma parisien, c’est au tour d’une belle bande d’ordures de disparaître dans ce film de 2 heures 44 que l’on ne voit pas passer. Le sang gicle comme dans les westerns spaghetti avec cette idée de dédramatiser un sujet qui ne l’est pas, l’esclavagisme qui fit autant de victimes que l’holocauste du peuple juif en 1939-45 . L’histoire: le docteur Schultz, un chasseur de primes blanc d’origine allemande et un « nègre » affranchi partent à la recherche de la femme du second, esclave dans une des plus importantes plantations du Missisipi tenue par l’effroyable Calvin Candie, joué à la perfection par Léonardo di Caprio. Face à lui, les exceptionnels Christopher Waltz et Jamie Foxx offrent pour le premier, l’expression même de l’humaniste pragmatique et pour le second, celui qui sur « dix millions de Noirs » a choisi de ne pas accepter son destin d’homme sans droit, considéré comme un objet appartenant à son maître.

Des hommes-objets

C’était en effet une époque terrible où un esclave fuyard était livré aux chiens et où les coqs étaient remplacés par ces hommes dont le perdant était, sur le parquet de la maison du maître et devant celui-ci, achevé au marteau. Où des blancs au QI de moule menaient des virées punitives nocturnes, sac sur la tête pour rester anonymes, ancêtres du futur Ku Klux Klan, comme dans cette scène hilarante  qui finit une fois encore avec une bonne barrette de dynamite. Car, avec Tarantino, la farce est partout présente pour accompagner la charge et la rendre supportable. Alors, face à ces riches Blancs, jouissant d’une parfaite impunité, entourés de kapos obéissants et vils, la méthode du cinéaste américain est à nouveau la même que pour les nazis d’ Inglorious Bastard– nettoyer. Liquider. De là vient la jouissance pour le spectateur d’assister à la victoire de la moralité- si souvent pacifique et donc condamnée à perdre-qui, ici, s’ arme de fusils et autres pistolets pour dézinguer tous ces salopards. Avec à la clé du grand spectacle, des paysages magnifiques, une bande originale (déjà en tête des ventes en France) mêlant folk et rap pour des scènes jubilatoires. Bref, du vrai et du bon cinéma qui vous donne une pêche d’enfer à la sortie. Alors, chapeau l’artiste et précipitez-vous, vous ne le regretterez pas.

LM

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