15 décembre 2012
Médée fait des vagues au Théâtre des Champs Elysées

Et de trois! Accents rock des sixties et archives familiales sur le rideau métallique doré  pour cette dernière version de Médée dans le cadre du centenaire du Théâtre des Champs Elysées. C’est ainsi dans une ambiance inhabituelle pour le lieu que Christophe Rousset, le chef, apparaît; la musique de Cherubini fait alors son entrée en scène avant que le rideau ne se lève et démystifie ce bonheur sur pellicule. Jason veut abandonner l’impulsive Médée en robe noire, qui essaie de récupérer son traître de mari avant de se résoudre à la vengeance. Il faut croire qu’une frange bourgeoise du public a dû ronger son frein devant la crudité de la réécriture des dialogues avant de trouver dans l’intermède twist l’occasion de se défouler. « Quel mauvais goût !» hue l’un. « Sortez ! Respectez les artistes » lui répond un autre. « Oui c’est une bonne idée de sortir » renchérit le Créon en jogging et lunettes de Vincent Le Texier alors qu’il vient intimer Médée de quitter son pays. Sans oublier un des graffitis de fond de scène « Casse toi » – si l’élection présidentielle du printemps n’avait pas encore eu lieu, on aurait pu compléter…

Un nouveau scandale?

Décidément, la production de Krysztof Warlikowski créé à La Monnaie en 2007 fait des vagues au Théâtre des Champs Elysées – qui en a vu d’autre : c’est sur la respectable avenue Montaigne qu’éclata le scandale désormais légendaire du Sacre du printemps. Drôle de clin d’oeil en cette saison du centenaire… En tout cas, si l’on peut en discuter les choix, cette Médée qui mêle théâtre et cinéma – comme souvent chez Warlikowski – est un des spectacles lyriques les plus puissants et aboutis que l’on ait vu depuis longtemps – surtout en regard de la tiédeur un peu somnolante de l’Opéra de Paris en ce moment. Le public ne s’y est pas trompé, et les hueurs au début des saluts ont rapidement laissé place à l’enthousiasme. Une bonne idée de sortie pour un après-midi dominical sans nul doute pluvieux, c’est la dernière d’une (trop) courte série de quatre représentations. Il reste des places, vous ne le regretterez pas…

GL

Médée de Cherubini, au Théâtre des Champs Elysées, jusqu’au 16 décembre 2012

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