19 août 2012
Médée des temps modernes

Huit prises. C’est ce qu’il fallut à Emilie Dequenne- époustouflante- pour la scène de la voiture, celle où sur Femme je vous aime de Julien Clerc, elle finit par s’effondrer. Une scène extraordinaire où de nombreuses mères ne manqueront pas  de se reconnaître. Ce moment où l’on en peut plus, cette fatigue, cet effondrement intérieur que l’on ressent dans cette tâche incommensurable et si mal reconnue qui est d’élever des enfants. Surtout lorsqu’il y en a quatre, très rapprochés, que le père est de plus en plus absent, juste là pour condamner et qu’un troisième personnage s’invite, Niels Arestrup, manipulateur et tout puissant. A perdre la raison c’est l’histoire d’une femme qui commet l’impensable, l’infanticide, pour reprendre ce qu’elle a donné. Un film pour donner à comprendre ce qui se cache derrière les faits divers et ce que la société juge sans appel, sans chercher à comprendre. Comment peux-t’on? Et bien le réalisateur belge Joachim Lafosse y répond avec ce film fort, qui avance comme une tragédie antique. Dès la première image, l’on sait en effet-quatre petits cercueils qui montent dans un avion. La suite n’est plus que le drame qui se met en place, la belle mère qui comprend avant tout le monde que cela va mal tourner, que cette belle fille est à bout de force, seule pour lutter contre sa dépression et faire tourner le lave linge. Sans soutien, sans possibilité de se plaindre. Tout cela est filmé sans jugement aucun, avec une retenue implacable, des acteurs tous exceptionnels et une économie de dialogue pour que le spectateur devienne l’ observateur impliqué de cette lente descente aux enfers dont on ne ressort pas indemne.

LM


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