1 décembre 2014
Manger, et perdre l’appétit avec Charmatz

Charmatz 2

Boris Charmatz est un savant fou. Son dernier spectacle intitulé Manger est une nouvelle expérimentation, faire danser les corps « non à partir des yeux, des membres, mais de la bouche ». Présenté au Théâtre de la ville jusqu’au  03 décembre, le spectacle ne reste malheureusement pas longtemps en bouche.

Du fait de sa durée d’abord, une seule heure de dégustation. Mais surtout parce que la pièce manque très vite d’intensité. Pendant cette durée, une troupe de danseurs va manger des aliments, remplacés par une pile de feuilles de papier pour éviter probablement l’indigestion. Ce repas est ici une abstraction,  le chorégraphe s’intéressant par ce procédé au rapport que nous entretenons avec notre bouche, lieu de rencontre des mots, des aliments ou encore du souffle…Mais, la sécheresse de la mise en scène, les danseurs interagissant peu entre eux, et la succession calculée des scènes donnent trop vite l’impression d’être dans un laboratoire de biologie ou un cour de métaphysique.

Du souffle et des chants

Cette idée saugrenue produit toutefois quelques moments intéressants. Habitué à orchestrer des mouvements de foules, Boris Charmatz réussit à créer à nouveau un moment de tension en faisant se tordre sur le sol ses danseurs, sans que l’on sache si c’est de douleur. C’est également le cas lorsque les danseuses parcourent le corps de leurs partenaires allongés par terre, dans une version extrême du pas-de-deux. Mais c’est en s’attaquant au chant que le chorégraphe crée plusieurs passages émouvants; admirateur de Bach, Boris Charmatz excelle manifestement dans l’art du contrepoint. Ses canons et ses superpositions de bruits et de musiques deviennent ainsi des plus envoûtants.

Par Florent Detroy

Manger de Boris Charmatz, au Théâtre de la Ville 
 jusqu’au 3 décembre

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