1 février 2012
Macbeth en gros plan

Derrière ses lunettes et son allure plutôt bonhomme, Jean-Louis Martinoty n’a pas l’allure du provocateur. Et pourtant son Faust à la Bastille avait défrayé la chronique, pour des raisons qui ne relevaient pas toutes de l’artistique. En cette fin janvier, c’est à Bordeaux que le metteur en scène fait montre de ses talents, dans le Macbeth de Verdi, qui reçoit un accueil beaucoup moins houleux. L’opéra inspiré de Shakespeare décrit la spirale de violence engendrée par la soif de pouvoir. A l’inverse de Richard III, vu à Genève quelques jours auparavant dans la musique de Battistelli, Macbeth a besoin de l’aiguillon de son épouse pour passer à l’acte. Les remords ne sont pas absents de l’intrigue, puisque Lady Macbeth sombre au quatrième acte dans un somnambulisme où elle essaie vainement d’effacer les taches – imaginaires – du crime sur ses mains : un cas exemplaire de trouble obsessionnel compulsif dirions-nous aujourd’hui ! A l’aide d’éléments de décor réversibles, tantôt colonnes, tantôt miroir, et de lumières d’ébène, Martinoty concentre notre attention sur le couple homicide, reléguant la scène de la fête célébrant l’arrivée du roi Duncan dans les coulisses, comme suggéré d’ailleurs par la musique. Ce resserrement est tout au bénéfice du héros éponyme, tenu avec panache par Tassis Christoyannis, qui confirme dans cette prise de rôle ses affinités avec le « baryton Verdi ». Le coup de projecteur s’avère moins favorable à Lady Macbeth, incarné par la soprano mannequin Lisa Karen Houben. On ne peut pas toujours avoir la voix et le physique. La musique sort au moins victorieuse sous la baguette du directeur musical de l’Orchestre de Bordeaux Aquitaine, Kwamé Ryan. L’essentiel se consolera t-on…

 

Par Gilles Moîné-Charassier

Opéra de Bordeaux du 25 janvier au 5 février

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