29 novembre 2015
Luc Bondy, le théâtre sinon rien

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Décidément, le Théâtre de l’Odéon qui affiche en fronton « The world is yours », un néon de Claude Lévêque, semble compter, ces dernières années, ses morts. Après Patrice Chéreau, disparu en 2013 qui devait y mettre en scène Comme il vous plaira de William Shakespeare, aux Ateliers Berthier de l’Odéon en mars 2014, voilà donc son Directeur depuis 2012, Luc Bondy qui tire sa révérence à 67 ans, avant d’avoir pu signer sa version d’Othello, prévue pour fin janvier. De là à penser que Shakespeare porte la poisse…

Patrice Chéreau qui avait été le premier à inviter à travailler en France dans les années 80, ce  jeune metteur en scène suisse, venu de la Schaubühne de Berlin-la scène la plus importante d’Europe- où son ami Peter Stein l’appelait « l’ oiseau aux couleurs de paradis ». Car Luc Bondy était changeant, insaisissable et multiple, cela depuis sa première création, Terre Etrangère, d’Arthur Schnitzler, en 1984 qui avait créé l’événement au Théâtre des Amandiers.

Grand lecteur, il partageait son temps entre Berlin et Paris, ralenti par la maladie devenue une triste compagne, avant d’être nommé en 2012 à l’Odéon, succédant à Olivier Py qui n’y avait pas démérité mais n’avait pas les faveurs de la première dame d’alors, Carla Bruni, contrairement à Luc Bondy.

C’est là qu’il monta Le Retour, d’Harold Pinter, en 2012, soulevant plus de scepticisme que d’enthousiasme dans le public- une pièce que l’on a  pas vu car le quota presse s’est réduit à peau de chagrin avec l’arrivée de ce nouveau directeur, à l’image de celle de Stéphane Lissner à l’Opéra de Paris, tandis qu’ Ivanov emporta cette année l’adhésion du public- mais un peu moins la nôtre au Pariser qui avait payé sa place ce qui ne nous arrive jamais.

Voilà en tous les cas un grand homme de théâtre qui, à 67 ans, donne l’impression de partir à l’entracte.

Par Laetitia Monsacré

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