12 décembre 2013
L’histoire continue

troupeopera

Depuis le beau film Le Roi danse de Gérard Corbiau, nul n’est censé ignorer que Louis XIV était un amateur de ballet. En créant l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris il y tout juste 300 ans, le roi soleil a offert avec Versailles et pas mal d’autres choses, un des plus beaux cadeaux à la France. A en juger les petits rats qui se produisent encore deux dimanches de suite à Garnier (voir article) ou ce magnifique livre Le Ballet de l’Opéra de Paris, publié pour les fêtes chez Albin Michel, c’est un véritable domaine d’excellence nationale que ces entrechats et autres pirouettes répétés inlassablement au cours des trois derniers siècles. Et si Brantôme fut le premier à être fasciné par les « tours, contours et destours, d’entrelacements et meslanges », ce n’est qu’en 1661 que l’Académie royale de Danse verra le jour, marquée par le talent de Lully. On quitte alors l’exercice jusqu’à présent pratiqué par les courtisans pour aller vers l’art de la scène et la « Belle Danse », avec celle qui se concentre vers le bas et celle qui oblige au saut.

De Noverre à Noureev

En 1780, les premiers règlements de l’école paraissent, avec une durée de scolarité de six ans et des cours tous les matins, puis sous Napoléon sont rajoutés des critères de sélection rigoureuse, « aucun enfant annonçant de la laideur ou la moindre difformité » ne pouvant être admis… Le livre, avec des courts chapitres abordant chacun un thème, s’attache à présenter avec dessins et illustrations, tous les acteurs à travers l’histoire de la danse française, Noverre et ses ballets pantomimes, les Vestris ou encore Les Gardel, avec l’idée qui est encore aujourd’hui d’actualité, que l’on est souvent danseurs de père/mère en fils/filles. Mais c’est au XIX ème siècle que la danse verra son avènement avec des ballets sur de grandes scènes, l’apparition du tutu et des pointes qu’affectionnaient tant Edgar Degas; décors bucoliques, chorégraphies du maître incontesté de l’époque, Marius Petipa, le ballet romantique tel qu’on le connaît naît en 1840 avec La Sylphide, dansé par la première ballerine star -on ne dit pas encore étoile, Marie Taglioni. Avec l’opéra Garnier, livré en 1874 avec ses studios de danse dans la coupole et son Défilé, avec l’ensemble des danseurs du Ballet et la centaine d’élèves de l’Ecole, qui ouvre la saison.

Lifar, Balanchine, Robbins, Béjart, Petit, Carlson, le XXème siècle a été grandiose en matière de danse avec le passage aux « pieds nus » qui n’a pas entraîné, à la différence de beaucoup d’autres arts, notamment graphiques, la fin du beau. Le livre s’achève avec Noureev, emblématique directeur de la danse des années 80 et chorégraphe de génie et les interviews d’Elisabeth Platel, actuelle directrice de l’Ecole de danse qui a quitté les murs de Garnier pour s’installer à Nanterre en 1987 et de Brigitte Lefevre, formidable directrice de la danse qui laisse sa place l’an prochain au très médiatique -trop peut-être?- Benjamin Millepied. La suite s’écrira sur scène…

AW

Le Ballet de l’Opéra publié chez Albin Michel, 360 pages, 50 euros

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