29 mars 2012
Maison Victor Hugo/ Lettre de Dickens

Tout commence par une lettre. L’écriture un peu penchée et serrée sur trois petites pages est celle du grand écrivain anglais Charles Dickens. Il raconte son séjour parisien durant le mois de janvier 1847 à la Comtesse de Blessington. Et il faut bien la comprendre, cette lettre, dans ses moindres détails pour suivre et apprécier le nouveau « format de poche » exposé à la Maison de Victor Hugo. Après l’accrochage consacré au livre de Job –un personnage admiré par Hugo- c’est les liens entre l’auteur britannique et le français qui sont déchiffrés au fil de l’exposition. Pour le bicentenaire de la naissance de Dickens, « nous ne pouvions pas passer à côté de l’occasion de lui rendre hommage » s’enthousiasme la Commissaire de l’exposition. Alors qu’aucun autre musée ne l’a fait à Paris et qu’un seul éditeur a pris la peine de republier ses œuvres! Dans le grand salon tapissé de rouge où Hugo a justement reçu Dickens, trône la fameuse lettre autour de laquelle s’articule le cheminement de l’exposition. Le regard sérieux du poète immortalisé sur une grande toile au mur suit les visiteurs. « Le salon est exceptionnel, c’est un endroit remarquable tenant d’un magasin d’antiquité » raconte Dickens dans sa correspondance. Un clin d’œil à son roman du même nom « The Old Curiosity Shop ». Quelques livres accompagnent la lettre dans la vitrine, matérialisant le lien entre les deux auteurs. Le roman Han d’Islande publié au XIXème siècle fait face à Oliver Twist. La coïncidence à noter ? Ils sont tous deux illustrés par la même personne.

De près ou de loin
La suite de l’accrochage se trouve un peu plus loin. Il faut traverser le magnifique salon chinois dédié à la maîtresse d’Hugo, Juliette Drouet, et sa salle à manger conservant les meubles fabriqués par l’écrivain. Dans le cabinet de travail de Victor Hugo sont accrochées des gravures représentant la morgue avec ses dépouilles exposées en vitrines. Un lieu très à la mode à l’époque. Là encore, il faut comprendre ce nouveau point commun entre Dickens et Hugo en se penchant de plus près sur les livres exposés dans la pièce. La mort, comme la morgue et les prisons sont des thèmes récurrents dans le travail des écrivains. Durant son séjour à Paris, Dickens en a visité quelques-unes. Il en parle dans sa correspondance comme dans ses romans – »Voyage sans commerce ». Hugo traite le sujet dans Han d’Islande. Les deux hommes ont également publié deux grands romans sur la Révolution Française. D’abord Dickens avec le célèbre « Paris-Londres », plus tard Hugo et son « Quatrevingt-treize ». L’enfance, elle aussi, au cœur des œuvres de ces auteurs est représentée par une série de photographies. En Gavroche ou Causette, des  enfants prennent la pose en incarnant des grands noms de la littérature ou ces personnages. Et le lien permanent entre Hugo et Dickens continue, même infime. Les filles qui ont servi de modèles pour les clichés –affichés auparavant chez Victor Hugo – sont des amies des enfants de Dickens. Unique déception, l’absence d’une trace écrite de l’auteur français sur sa rencontre avec Dickens ou d’un jugement sur ce dernier. Dickens, quant à lui, raconte avoir« été très frappé par Hugo lui-même, qui a l’air d’un Génie, qu’il ne doit pas manquer d’être, et qui est franchement intéressant de la tête aux pieds».

Par Sarah Vernhes

Maison Victor Hugo jusqu’au 14 mai

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