19 mars 2016
L’étranger partout persona non grata

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Tandis que les migrants se noient ou sont parqués dans des camps grecs et turcs où des centaines de bénévoles se relaient, les urnes crachent une radicalisation qui érigent de plus en plus de pays en citadelles qui se voudraient imprenables. L’étranger fait peur, le futur aussi et le récente victoire du candidat républicain Donald Trump au Super Tuesday a de quoi glacer d’effroi autant que la défaite de la politique d’Angela Merkel aux dernières élections régionales qui ont vu trois Länder de cette Allemagne que la Chancelière voulait ô combien  généreuse basculer du côté de l’Afd, parti populiste rejetant cette politique d’accueil. Les abstentionnistes se sont mobilisés dans ses régions où le chômage est plus important que partout dans l’Allemagne. Le « Nous allons y arriver » porté par la CDU ne semble plus convaincre les Allemands tandis que de l’autre côté de l’Atlantique, saillies contre les migrants mexicains, commentaires sexistes fédèrent un nombre croissant d’Américains prêts à donner les clés de leur pays à un promoteur milliardaire qui balaye à ce jour tous ses opposants.

« Fils de pute », « collabo », « salope », les riverains supposés chics du 16 ème arrondissement de Paris n’ont ni voté, ni réclamé la construction d’un mur pour se mobiliser contre un centre hébergement d’urgence pour SDF- « et pas des migrants » a précisé la préfète de Paris, Sophie Brocas, largement huée- en lisière du Bois de Boulogne. Une simple réunion d’information qui a viré à la foire d’empoigne ; « Mettez les à Calais », « Un Sangatte au bois de Boulogne », « On n’est pas en Corée du Nord »; avec de tels amalgames chez des gens supposés instruits, on imagine les jours sombres qui nous guettent, avec cette confrontation inévitable qui s’annonce, loin de toute solidarité,  entre ceux qui ont tout perdu, ceux qui le craignent et ceux qui le refusent.

Par Laetitia Monsacré

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