29 février 2012
La victoire en chantant

 

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Chaque année, France 3 offre le plus grand concert filmé en prime time: les Victoires de la musique classique. L’occasion pour la chaine de remplir son rôle de service public et d’offrir une sélection d’artistes qui ont su se distinguer tout au long de l’année, en lice dans six catégories-révélation artiste lyrique et soliste , compositeur,enregistrement et artiste lyrique et soliste de l’année. Le reste n’est que musique et intelligence grâce aux commentaires savoureux de Frédéric Lodéon qui officie par ailleurs sur France Inter tous les jours de la semaine à 16 heures pour une heure de pur bonheur. Voilà ce qu’il apporta sur le plateau du Palais des Congrés lundi soir (à revoir sur pluzz.fr), il faut dire épaulé par des artistes d’exception. Ouvrant le bal, Renée Fleming chanta un O mio Babbino Caro de Puccini bouleversant-devant une salle encore un peu « froide »- dans une robe fuchsia de diva et de circonstance pour recevoir une Victoire d’honneur. Dans un français parfait, elle remercia alors  la France, » sa deuxième maison ». Avant cela, avec pas moins de quatre pianos, l’ouverture des Noces de Figaro avaient été jouées à douze mains dans un arrangement de Jean Fréderic Neuburger aussi décoiffant que Vivaldi sous l’archet de Nemanja Radulovic, tout de cuir vêtu, les cheveux longs qui donna une version virtuose et inédite des Quatre saisons. A ce stade, on se demandait comment cela pourrait continuer à ce rythme. Une armée de silhouettes en noir déplaçaient les instruments avec une précision et dextérité impressionnante et en coulisse, les instruments étaient accordés jusqu’au dernier moment, puis emmaillotés pour prendre l’ascenseur dès qu’ils avaient servi. C’était au tour du clavecin d’arriver sur scène accompagné d’instruments baroques et d’Emmanuelle Haïm, merveilleuse chef d’orchestre de la Compagnie du Concert d’Astrée. Sans baguette, un sourire quasi extatique aux lèvres, elle menait son orchestre où l’on pouvait voir pas mal de sourires aux lèvres-un régal. Natalie Dessay, Jean-François Zygel et son improvisation sur la 40eme de Mozart avec Antoine Hervé, Nathalie Stutzman, éblouissante, à la fois en chef d’orchestre et chantant Vivaldi, avec un jeu de lumières et des projections inspirées, il y avait ce soir là vraiment tous les acteurs et les moyens mis en œuvre pour offrir un moment de grâce aux spectateurs, qui eurent en plus la chance de finir la soirée avec du champagne et les artistes, très accessibles comme la ravissante Sabine Devieilhe, sacrée justement révélation lyrique de l’année à 27 ans, après une étourdissante Reine de la Nuit. De quoi se réjouir ce soir là de la façon dont  la redevance audiovisuelle peut être employée…

Par Laetitia Monsacré

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