8 février 2020
Les urgences, veuillez patienter

Lou avait onze ans. Elle est morte peu avant Noël en décembre dernier à l’hôpital pour les enfants malades de Necker, faute d’un bon diagnostic. Après deux visites aux urgences d’où elle avait été renvoyée sans soins-quatre heures d’attente à chaque fois- ce qu’un docteur avait pris pour une angine, malgré ses maux de ventre égaux à 12/10 sur l’échelle de la douleur, s’est transformée en péritonite, gangrenant tout son ventre. Erreur médicale? Signe d’un système hospitalier à bout de souffle? Pour les parents de Lou qui lui ont donné « l’autorisation de partir », les statistiques importent peu; pareil de savoir s’ils auront droit légalement à cinq jours ou plus pour faire leur « deuil ».

Entre attente et erreurs de diagnostic

De cet homme, cet été, retrouvé mort des semaines après dans les locaux du CHU de Marseille à ce personnel hospitalier qui n’en finit plus de tirer la sonnette d’alarme, loin des grands moyens déployés pour le Coronavirus, c’est toute la paupérisation des hôpitaux en France qui est révélée à travers ces faits divers et autres mouvements sociaux. Car, si l’hôpital n’est pas un bien de consommation dont le patient-client peut exiger l’entière satisfaction, passer par les urgences est dans la plupart des cas la certitude d’attentes interminables et de se heurter à un mur de silence. « Il faut attendre qu’un docteur ou un interne soit disponible »; pas toujours bien formés et désabusés, les agents d’accueil n’ont pas toujours conscience de l’urgence. Il est vrai que certains patients y viennent pour des bobos qu’un généraliste aurait très bien su traiter. Ayant l’interdiction de prescrire ne serait-ce qu’un aspirine, l’attente vire parfois au supplice.

Une fois pris en charge, encore faut-il que le bon diagnostic soit fait. Combien de malades repartent sans avoir été écoutés, la base de la médecine? Une dépression devient une simple addiction à l’alcool à Dreux, une vertèbre déplacée n’est pas décelée à Chalons sur Soane, une appendicite se transforme en péritonite à Caen, une lymphangite en septicémie à l’Hôtel Dieu, chaque fois l’hôpital est passé « à côté ». Pour Lou, il n’a malheureusement pas eu l’occasion de se « rattraper ». Paix à son âme.

Par April Wheeler

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