5 octobre 2012
L’ennui existentiel selon Hopper

« Il y a quelque chose dans la peinture qui ne s’explique pas ». Hopper a fait sienne cette phrase de Renoir qui ouvre ce très beau documentaire où l’on reconnait les voix de Irène Jacob et Mathieu Almaric diffusé par Arte dans le cadre d’un dimanche entier consacré au peintre américain (et auquel le Grand palais consacre  le 10 octobre une prometteuse rétrospective). Avec sa rigueur géométrique proche du cubisme, matinée de surréalisme, le peintre mort en 1967 et que l’on découvre à travers  des interviews, parlant posément précise « n’avoir aspiré toute sa vie qu’à peindre les rayons du soleil découpant une architecture« . Et citant Goethe, « reproduire le monde qui m’entoure via mon monde à moi. » Toute son oeuvre peut ainsi se résumer par « It is about me ». Il aimait le cinéma, ses tableaux ressemblant à des décors prêts à ce que quelque chose se passe, créant cette attente à laquelle Wim Wenders interviewé, rend hommage. Les réalisateurs associent ainsi toiles de l’artiste à des extraits de films comme Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock ou Mulholland Drive de David Linch. Issu d’une lignée hollandaise et française, recevant une éducation rigoureuse, Hopper, c’est « l’histoire d’un puritain qui est devenu puriste », se vengeant de ces années d’illustrateur commercial où tout le monde devait avoir l’air joyeux en peignant les solitudes- « réflexion de ma propre solitude »– les intérieurs urbains sinistres et une certaine forme de désespoir. En 1933, le MoMA lui accorde une rétrospective; lui partage sa vie avec Jo sa femme entre un atelier au 3 Washington square et dans sa maison le long de l’océan à Cap Code. « Pour trouver la beauté nous devons être honnêtes et ignorer la crainte. Nous devons avant tout être des hommes ». Pour cela, il ne fit qu’ une à deux peintures par an, luttant contre la vague de la peinture abstraite avec Pollock« qui esquive le vie «  contrairement au réalisme, école qu’il représenta mieux que quiconque.

LM

Dimanche 14 octobre sur Arte-16h45 dans le cadre journée special Hopper-au Grand Palais à partir du 10 octobre

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