Le tourbillon de la vie

François Truffaut n’avait pas trente ans lorsqu’il a tourné ce qui est sans doute un des plus beaux films français, Jules et Jim. C’est en cherchant un livre qu’il a été attiré par ce titre que portait le livre de Henri Pierre Roché, racontant sa propre histoire avec son ami Franz, allemand et Helen. Laquelle se trouve être la mère d’un homme aujourd’hui bien connu, Stéphane Hessel…Et oui, voilà ce que tous les amoureux de ce trio amoureux  à l’écran illuminé par Jeanne Moreau-sans doute son plus beau rôle- apprendront dans ce très beau documentaire de Serge July et Marie Jenin qui revient sur l’aventure de ce film interdit au moins de 18 ans à sa sortie! Une autre époque, mais le film lui est de la veine des chefs d’oeuvre- universel et éternel.

La grâce du semi-amateurisme

Né d’un père inconnu, élevé par sa grand mère, François Truffaut  dit s’être vengé de sa mère, cette femme si indépendante,  dans les 400 coups, ovationné l’année précédente à Cannes; alors pour se « racheter » dit-il, il filma ce beau portrait de femme libre et entière, avec deux hommes qui n’étaient pas possessifs tout comme leur modèle. « J’aime qu’un film devienne peu à peu un documentaire sur quelqu’un, casser la barrière entre le personnage et l’acteur qui le joue » raconte-t’il, forcément amoureux de son actrice. Jeanne Moreau, elle, précise « Je suis entrée dans le fantasme de François ». Ces deux là et toute l’équipe technique et au montage,  se sont en tout cas bien entendus pour atteindre la grâce qui entoure ce film-un mot que tous utilisent, avec cette absence de moyens et ce goût pour l’imprévu cher à Truffaut, « j’aime les choses que je n’attendais pas ». Pour boucler le budget, Jeanne Moreau a pris sa cagnotte, chacun  faisant tous les rôles-il n’y avait même pas d’ingénieur pour le  son-  et  ce semi amateurisme a donné naissance à un bijou, magnifié par la musique de Georges Delerue et cette voix off de Truffaut, inimitable.De quoi donner espoir à tout les étudiants en cinéma, même si le génie de Truffaut, ça ne s’apprend pas…

Par Laetitia Monsacré

Diffusé sur France 5 , jeudi 19 janvier à 21h 40

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