27 janvier 2014
Le soleil pour chanter la nuit

 

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On avait quitté Roberto Alagna en 2011 à la Bastille, revêtu d’un tee-shirt lamé et moulant, génial Faust dans la mise en scène très réussie de Jean Louis Martinoty (voir article). Taillé pour le rôle, il avait pourtant essuyé quelques sifflets… Ce soir de Werther, ce ne furent qu’applaudissements alors que sa voix solaire s’élevait dans la salle. Et c’est bien là le problème lorsque l’on chante un homme dévoré par la mélancolie qui finira par se suicider. La partition de Massenet, parfaitement jouée par Michel Plasson et son orchestre, Karine Deshaye impeccable, la mise en scène minimaliste de Benoît Jacquot, tout cela aurait pu passer s’il n’y avait le ténor star chantant « comme un Italien quand il sait qu’il aura de l’amour et du vin », pour reprendre les paroles d’une célèbre chanson de variété, genre auquel il est allé récemment tâter. Bref, si l’on ne dit plus mélancolique, ni maniaco-dépressif mais bipolaire, Alagna n’offre dans son interprétation qu’une polarité ce qui était bien gênant. Maintenant, vu les critiques élogieuses, il se peut que nous soyons les seuls à avoir trouvé insupportable ce décalage, tout comme pour la Vie d’Adèle, dont on ne comprend toujours pas l’engouement. Les goûts et les couleurs… Reste toutefois le programme pour se consoler, avec les reproductions des magnifiques intérieurs du peintre suédois Hammershoi et ce poème de Marceline Desbordes-Valmore, N’écris pas –  « Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes, c’est entendre le ciel sans y monter jamais ». Goethe aurait apprécié.

LM

Werther de Massenet à l’Opéra Bastille, jusqu’au 12 février 2014

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