17 décembre 2011
Le Père Noël, une ordure?

Pour tout ceux qui veulent se préparer à Noël, le supporter ou s’en remettre, Robert Benchley, génial critique pour le New Yorker et complice merveilleux de notre Dottie préférée, Dorothy Parker, a commis entre  1925 et 1949 douze textes à l’humour décapant avec des titres évocateurs comme « Grandeur et décadence de la carte de voeux » ou « Enfin de la neige artificielle ». Et c’est dès les premières lignes que vous aurez la certitude d’avoir sous les yeux un petit livre génial comme tous ceux édités par cette petite maison d’édition spécialisée dans l’humour, Wombat, qui publie Topor et autres textes trouvés outre atlantique.

Humour grinçant

Donc, Benchley nous explique ici « Pourquoi je déteste Noël »; dès la première nouvelle, vous vous reconnaitrez. Un bon vieux noël à l’ancienne, « pendant que vous êtes encore tous là », chez des grands parents où le petit déjeuner sera servi à 4h 30 du matin, « d’habitude c’est 4h mais , vu que Noël est un jour férié, on fait tous la grasse matinée ». De toutes les façons, vu la température des chambres, la qualité du matelas de pépé, les bruits dans le grenier et la vache asthmatique dans l’étable, vous ne dormirez pas; ensuite vous mangerez trop, vous vous ennuierez à périr et au final, vous étranglerez tout le monde. En ce qui concerne les cartes, « le motif qui semble avoir été le plus populaire est une cheminée à laquelle sont suspendues des chaussettes, avec le slogan, l’évidence satirique »Joyeux Noël et Bonne Année ». Quant aux voeux, Benchley se lache  » Si je ne vous vois pas en 1933, 1934 sera assez tôt pour moi » ou bien « Surveille ta femme ».

Vieille neige

Il est en tout cas catégorique: Noël a été inventé pour les grandes personnes, « nous autres, les enfants avons des choses sérieuses à faire » pendant ce temps-là où les adultes s’extasient sur les horreurs qu’ils nous ont achetées. De toutes les façons, « tous les petits cadeaux que vous offrez à Georges se révèlent bien sur être des choses qu’il possède déjà, en mieux. » Heureusement il y a des choses plaisantes, comme lorsque « l’autre soir, en farfouillant dans un tiroir de mon bureau, je suis tombé sur un tas de vieille neige. » Mais comme celle ci manque, Benchley invente bientôt la « nège » qui pour imiter l’originale, doit être mouillée. Et, si au niveau du packaging, » une raquette fera un joli paquet », le procédé de fabrication en suffisamment grand nombre pour avoir les qualités propres à  bloquer toute circulation, est encore à trouver…vous l’aurez déviné, ce livre est vraiment une bouffée d’air dans cette période un peu effrayante qui si elle ne vous donne pas de violentes poussées de fièvre comme Benchley, non pour les cadeaux coûteux à faire  » j’en dépense tout autant en bébés jaguars et en bouteilles de vins egyptiens millesimés » mais bien car les réjouissances obligatoires, qui plus est imposées comme modèle économique, ça devient franchement lassant avec les années….

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