23 mai 2016
Le palmarès, la ville de Cannes…

photo 1-20

Le tapis rouge n’a pas encore été démonté, la ville de Cannes accueillant,  en ce lundi des plus ensoleillés – avec toutefois un fort mistral à décoiffer les rares brushing encore présents et se faire soulever les robes un peu légères – 9000 cannois sur trois séances au Palais des festivals, afin de faire découvrir à ses administrés la Palme d’or. Certains se sont levés aux matines pour obtenir un billet gratuit tandis qu’hier soir le Palmarès a été dévoilé devant une salle pleine des plus belles robes de soirée. Dès la messe dite – une petite cuvée d’après tout le monde – l’orchestre s’est vidé pour ripailler, les vigiles faisant alors descendre tout le monde pour remplir les rangs, peu de happy few ayant envie de voir la descente aux enfers du pauvre David Blake, « un citoyen, pas plus, pas moins ».

Sacs et bouteilles d’eau interdits en projo

Sécurité maximum, peur des attentats : les américains, à part les acteurs comme Julia Roberts dont c’était le premier passage de sa pourtant longue carrière, sont peu venus, laissant la ville bien plus calme que les précédentes éditions, et les chauffeurs de taxis, restaurants et commerçants un peu marris. Environ 30 % de fréquentation en baisse et des palaces loin d’être complet malgré le discours officiel qui dit, comme chaque année, que tout va bien madame la marquise…

Un palmarès oublieux
Reste que l’on attend déjà ici avec hâte l’an prochain avec la 70ème édition, et si possible une meilleure sélection avec un palmarès rendant grâce aux choix des critiques et des festivaliers. Tony Erdman, un film hilarant allemand applaudi pendant sa projection, est ainsi reparti bredouille, à part la prix de la critique étrangère tandis que la Caméra d’or a fait l’unanimité avec Divine ( date de sortie encore inconnue) et  sa réalisatrice des plus féministes. Du social  aussi avec une Loi du marché version anglaise grâce au toujours aussi en forme Ken Loach, 80 ans, qui a remporté la palme avec Moi, David Blake ( sortie prévue en octobre) : un film brûlot contre l’Angleterre qui exclut et ceux qui derrière leur comptoir d’agence pour l’emploi obéissent aux ordres sans une once d’humanité, afin de ne pas faire « jurisprudence ». Le fascisme social en même temps que, celui politique, avec l’idée que « nous devons dire qu’un autre monde est possible et nécessaire »selon Loach.

Les Français un peu récompensés 

« Tout ce que l’on fait dans la vie, c’est pour être aimé. En tout cas, moi! ». Xavier Dolan a reçu en pleurant le Grand Prix pour son film Juste la fin du monde, un huis clos familial avec une mère castratrice maquillée en voiture volée (Nathalie Baye) , une soeur paumée (Léa Seydoux), une belle soeur attachante de maladresse mariée à un frère un peu bourrin (Vincent Cassel), tel est le casting de haute volée de ce film à la direction d’acteurs au cordeau. Dialogues piquants, drame qui chemine lentement, Gaspard Hulliel, de retour dans sa famille provinciale est lui aussi étourdissant, même si le film est loin du chef d’oeuvre, à l’image du prix de la mise en scène décerné à Olivier Assayas pour Personal Shopper, un publireportage pour Chanel où Kirsten Stewart est chargée de faire le stylisme d’une comédienne très connue sur fond de fantômes et médiumnité, son frère jumeau entrant en contact avec elle de l’au delà par le biais de SMS- vive le progrès!

Les meilleurs interprètes sont cette année iranien : Shebab Hossenui dans le dernier film du réalisateur du Passé et de La séparation, Ashgar Farhadi, qui traite de la violence légitime, et philippine,  Jaclyn Rose, mère courage dans Ma ‘Rosa, deux récompenses qui ont laissé divisé les journalistes, surtout les médias français qui voyaient Huppert et Lucchini l’emporter.

Le grand démontage

Côté ville, et malgré quelques jours de pluie, c’est toujours le même plaisir que de venir ici et remonter la rue Meynadier, la rue des bonnes affaires à Cannes, loin des boutiques de luxe de la Croisette, masquées par les semi-remorques chargés de démonter affiches et tentes tout le long de la plage et sur les façades des palaces ; l’occasion aussi d’y trouver chez Tesi des panamas des plus seyants ou en face, un choix d’espadrilles assez impressionnant.

Pas vraiment tendre est la nuit cannoise

Quant aux nuits cannoises, la seconde semaine est toujours plus calme avec les fêtes des films après projection, le Club d’Albane toujours aussi VIP avec aa terrasse à vue imprenable sur le toit du Marriot et, pour ce dimanche soir, la plage du Majestic squattée par tous les invités en robe de soirée ou en jean, pour la dernière fête cannoise- DJ, champagne Piper Heidsieck à flot,  à condition de pouvoir y entrer, avec des cartons individuels et nominatifs. Pas de quoi décourager Fabrice, venu de Montpellier qui a eu une invitation après une heure et demi de poireau. Vêtu d’un smoking, il fait partie de ces fous de ciné qui viennent ici sans badge et dès 16 heures attendent qu’on leur donne une invitation. Neuf films vus depuis mardi, son score est plutôt bon, avec le privilège d’avoir pu entrer à la très courue soirée de clôture, avec sa technique : se mettre au passage piéton non loin du Palais des festivals où la police arrête les festivaliers pour traverser – l’occasion de leur demander tranquillement une invitation loin des autres prétendants, à condition d’avoir la tenue et du culot.

Deux mots qui résument bien Cannes: les fringues et le rentre-dedans. Quant à Jim, aujourd’hui, c’ est plage, un bain de mer et le marché Forville demain matin avant de sauter dans le TGV et dire au revoir à Mare Nostrum, en attendant de la revoir l’année prochaine!

Par Laetitia Monsacré

Articles similaires