1 novembre 2011
Le goncourt sinon rien?

C’est donc demain à 12h45 que le prix Goncourt qui est aux lettres ce que les Césars sont au cinéma, bref  la reconnaissance de la profession et l’assurance d’une carrière commerciale optimale, sera décerné dans les salons feutrés et envahis de journalistes du restaurant Drouant. Une tradition entre gens bien élevés. Les dix membres du jury présidé par Edmonde Charles-Roux  (Jorge Semprun, Régis Debray, Françoise Mallet-Joris, Robert Sabatier, Patrick Rambaud, Bernard Pivot, Françoise Chandernagor, Tahar Ben Jelloun et Didier Decoin-tous écrivains) auront ainsi bien du mal à résister à offrir comme il se doit un  beau cadeau d’anniversaire à Gallimard pour ses 100 ans. La célèbre maison d’édition dirigée aujourd’hui par Antoine Gallimard et autrefois rue Sébastien Bottin a déjà vu cette rue débaptisée pour devenir la rue Gaston Gallimard en juin dernier. Alors, un prix littéraire, même s’il s’agit du plus prestigieux… L’affaire parait d’autant plus pliée que les deux livres publiés chez  Gallimard – ils ne sont plus que quatre ouvrages dans la dernière sélection- sont très honorables. Ainsi, « L’art français de la guerre »,  grand favori, livre très bien écrit par Alexis Jenni, un professeur lyonnais de biologie forcement méritant  qui a envoyé par la poste cette histoire de la guerre « française » à travers un récit entre l’Indochine et l’ Algérie. Sans aucune recommandation et uniquement à la maison Gallimard. Une belle histoire donc, prompte à redonner espoir à tous les écrivains en souffrance-et ils sont nombreux- et l’occasion pour le  prix de se refaire une virginité après toutes les accusations (depuis sa création en 1900 suite à un souhait de feu Edmond de Goncourt) visant à  rebaptiser ce prix , de prix « Roux et Combaluzier », c’est à dire un pur renvoi d’ascenseur n’ayant pas grand chose à voir avec le talent littéraire. Pourtant, il y eu des jolies surprises comme en 1990 ce miracle avec Jean Rouaud, kiosquier à Paris de son état qui,   avec « Les champs d’honneur » aux Editions de Minuit coiffa au poteau un Philippe Labro qui avait pourtant grenouillé tout l’été pour l’avoir.  Un miracle pour un auteur que Françoise Giroud saluait en son temps ainsi « Avez vous lu Rouaud? La rumeur court, flatteuse, résonne dans le plus puissant circuit de publicité, le bouche à oreille…C’est toujours émouvant, la naissance d’un écrivain et c’en est un assurément qui ne doit rien aux modes, ni aux procédés de fabrication, ni à la frénétique course aux prix. »  Les quatre livres sélectionnés méritent en tous cas de l’avoir,  à l’issue d’un vote qui doit,  à la majorité absolue enfin les dix premiers tours-, offrir 10 euros au lauréat mais aussi des ventes normalement assurées. Voilà pourquoi sans doute, ni le magnifique livre de Delphine de Vigan sur sa mère « Rien ne s’oppose à la nuit » , ni celui de David Foekinos  « Les sentiments » sur le troisième âge- livre très juste n’ont été retenus, leur carrière étant déjà assurée par le plébiscite du public.

par Laetitia Monsacré

 

ps: Novembre étant le prix des mois littéraires, c’est  également demain que sera remis le prix Renaudot avec en lice trois livres hyper médiatisés par les critiques littéraires- « Limonov « de Emmanuel Carrère éditions POL, « Le système Victoria » de Eric Reinhardt chez Stock et « Tout, Tout de suite  » de Morgan Sportès pour Fayard. Plus un inconnu Shumona Sinhua sur le thème ô combien actuel de l’immigration « Assomons les pauvres » chez l’Olivier. Bonne chance à tous et que le meilleur (sic) gagne


Alexis Jenni, grande découverte de la rentrée… par rue89

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