21 novembre 2012
Le désert de l’amour

Faire un « Mauriac ». Après l’adaptation d’Un secret de Philippe Grimbert-« l’adaptation, c’est ce que je préfère » Claude Miller savait-il que la mise en image de Thérèse Desqueyroux, célèbre roman écrit en 1927 par le grand écrivain bordelais serait son testament au cinéma? « Affaire d’érotisme » selon lui, le 7ème art a perdu en avril dernier un de ses grands metteurs en scène qui, il faut dire, avait été à bonne école avec Truffaut dont il avait été le producteur. L’Effrontée, La petite voleuse, l’Accompagnatrice, La petite Lili, Claude Miller savait offrir aux jeunes actrices de ces rôles qui marquent.

Audrey Tautou n’a, elle, rien d’une débutante. Elle joue avec sa maitrise habituelle mais aussi une dureté qu’on ne lui connaissait pas, cette jeune femme en perpétuel dialogue avec elle-même, fille de bonne famille qui se marie pour être « en paix » et ne va bientôt plus supporter son mari, sans vraiment savoir pourquoi. Gilles Lellouche, sert quant à lui son premier rôle dramatique avec évidence et justesse; son jeu est tout en nuances au service de cet homme complexe qui finit par pardonner et « ouvrir la cage ». Costumes, décors, la reconstitution est impeccable, avec cet ennui qui transpire de chaque pore des personnages, bourgeois désoeuvrés et murés dans leurs conventions. Aussi, finit-il par gagner quelque peu le spectateur, sans pour autant ôter le plaisir de voir une direction d’acteurs réglée au millimètre près. Malheureusement la dernière.

LM

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