1 avril 2020
Le confinement, et après ?


La France, comme d’autres pays, est figée dans un confinement social et économique, aux conséquences encore assez imprécises quant au moyen et long terme. S’il ne saurait être discuté la pertinence sanitaire de telles mesures, on peut cependant remarquer que les Etats qui ont privilégié le dépistage à grande échelle n’ont pas eu besoin de mettre en place de confinement répressif à grande échelle – ce qui n’empêche pas des mesures très strictes pour les personnes contaminées, tracées et placées en isolement absolu en Israël ou en Corée du Sud. Mais, outre l’avantage de préparer les populations à des épidémies plus dangereuses, ces mesures sont aussi une expérimentation idéale pour des gouvernements tentés d’évaluer jusqu’où l’on peut exercer un pouvoir autoritaire dans les limites de la démocratie. Et cette dérive ne concerne pas seulement la France de Macron et ses violences policières niées par un gouvernement braqué sur ses réformes rejetées par l’opinion publique qui pourtant l’a élu aux urnes. On sent déjà couver des révoltes et des jacqueries, en Italie du Sud où des supermarchés ont subi les pillages de populations sans ressources – l’économie particulière du Mezzogiorno, avec ses revenus souvent informels, y est en partie pour quelque chose. Mais il ne faut guère douter que les tensions ne sauraient manquer de s’accroître au fil de confinement, surtout s’il persiste à l’heure des premières chaleurs, voire de la canicule : pour éviter la saturation des urgences avec le coronavirus, on aura des milliers de cadavres âgés comme en 2003 – une consternation heureusement éphémère…Et la cocotte-minute sociale politique et économique pourrait bien finir par exploser…comme en 1789? Avec trois scénarios. Si la démocratie demeure assez forte, le renversement du pouvoir se ferait par démissions et vague d’élections pour installer un nouveau gouvernement, espérons le plus à l’écoute des citoyens, voire une adaptation du régime politique vers moins de mépris technocratique. Avec un renversement plus brutal, le risque d’une Constituante glisserait vraisemblablement, à notre époque de procureurs auto-proclamés, vers une Terreur, à moins qu’une junte autoritaire ne mette en échec les ardeurs révolutionnaires. Les nouveaux totalitarismes 3.0 n’attendent plus qu’à polleniser le monde. Pour rappel, 41% des Français affirmaient dans un sondage en octobre 2018 qu’ils étaient tentés par un régime politique autoritaire et 80 % seraient d’accord d’être tracés dans les prochaines semaines par leur portable comme à Singapour ou en Corée du Sud pour que cesse le confinement. Orange l’a déjà fait pour plus d’un million de Parisiens, Georges Orwell n’est pas loin…

Par Gilles Charlassier

Articles similaires