2 décembre 2011
Le Combat des Ladies

 

 

À une semaine d’intervalle, A la une du New York Times,  documentaire sur ce journal qu’on surnomme  » The Grey Lady » et la superproduction » bessonienne « ,  The Lady consacrée à Aung San Suu Kyi sont tous deux sortis sur les écrans français. Le premier de façon quasi confidentielle, le second avec un plan média façon rouleau compresseur. Présenté au Festival du film américain de Deauville- lequel est désormais surtout l’occasion de voir de bons documentaires- A la une du New York Times est une plongée brillante dans le monde du journalisme.

La dame grise

Et lequel! Avec près de 1200 journalistes, la « dame grise », a récolté depuis sa création en 1851 plus de 100 prix Pulitzer- le Goncourt du journalisme- et affiche près d’un million d’abonnés chaque jour. C’est également devenu un groupe tentaculaire, installé dans un magnifique gratte ciel de plus de 200 mètres en plein Manhattan réalisé par Renzo Piano et aujourd’hui propriétaire de huit TV locales, deux stations de radio et du International Herald Tribune. Bref, un mastodonte qui se prépare désormais contraint et forcé à affronter les bouleversements  liés au tsunami internet. Avec une question: comment cette institution va- t’ elle résister alors que depuis 10 ans, 2800 journaux américains se sont déclarés en faillite? Pour répondre à cette question sans vous faire mourir d’ennui, le réalisateur Andrew Rossi a suivi  quatre de ses journalistes dont  David Carr , au parcours édifiant; ancien drogué et alcoolique, il a connu la rue avant de revenir en vrai Colombo de la presse média,  traquer la vérité et faire éclater, à coup d’articles sur son ordinateur antique, les scandales quels qu’ils soient.

 

 

 

L’occasion de voir le quotidien de ces chasseurs d’infos et comprendre les futurs enjeux de cette compétitions entre anciens et nouveaux médias avec un leitmotiv: l’information, la vraie ne peut pas être gratuite comme certains sites internet le font croire. Vous l’aurez compris vous ressortirez de la salle plus intelligent qu’en y entrant et grâce à un  montage hyper dynamique,  avec cette impression de ne pas une seconde vous être ennuyé. Voilà, avec l’autre Lady, une chose qui risque, à contrario,  bien de vous arriver. Deux heures durant, Luc Besson a filmé sous la forme d’un mélo saupoudré  de scènes de violence militaire, Michelle Yeoh qui, malgré toute sa bonne volonté ne parvient pas à sauver le film du naufrage; un océan de clichés avec des méchants très méchants et une incapacité à filmer l’émotion comme ces scènes de retrouvailles aussi glacées que les marrons en fin d’année. Et ce n’est pas le formidable comédien anglais David Thewlis, bien connu du monde du théâtre qui parvient à rattraper cette copie qui rend si mal hommage à cette extraordinaire résistante qu’est la gagnante des élections législatives en Birmanie. Laquelle, sortie enfin de sa résidence surveillée doit désormais passer son temps à répondre à la question: « Avez vous vu le film? « J’ose espérer pour elle qu’elle lui a préféré la lecture du New York Times…

LM

Deux salles à Paris diffusent encore A la Une du New York Times, le MK2 beaubourg et le Reflet Médicis

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