11 janvier 2012
Le charme discret de la bourgeoisie

Paul Klee, La Justice sous Sarkozy, Libé et une barre de céréales… Voilà ce que l’on pouvait découvrir sur le bureau de François Hollande qui a troqué ce mercredi son intimité et cédé à un grand barnum pour convier ceux qui vont lui coller aux basques pendant 100 jours -les journalistes. Tous étaient donc au rendez-vous dans cet hôtel particulier de l’avenue Ségur dans le 7ème arrondissement, envahie pour l’occasion par les camions -régie TV, câbles, caméras, photographes et grattes-calepin en tous genres. Nous étions donc tous entassés au premier étage, genre sauna, avec les caméramen au fond réclamant « Tout le monde assis » ce qui relevait d’un certain humour vu qu’il n’y avait pas de chaises… C’est donc sa doudoune nouée à la taille, que Valérie Nataf, qui suivra Hollande pour TF1, écoutait le candidat au milieu des doyens équipés de dictaphones et des petits jeunes, plutôt stylo calepin, tandis que les agences de presse s’étaient posées une fesse en équilibre sur les rares chaises au fond de la salle.

Toute la clique

Guigou, Sapin, Lang, Delanöe, Royal, Aubry, Bel, Jospin, Fabius, Montebourg, tout socialiste se respectant avait fait le déplacement non pour parler, mais se tenir à la gauche et la droite du candidat devant une salle où les sympatisants se repéraient au costard cravate et où tous s’efforçaient, pour tromper l’attente, de pianoter sur leur portable. « On a pas de son ! », le candidat Hollande, sur fond bleu -ce que le trublion de la Matinale de Canal Plus souligna comme la couleur de l’UMP avec un  sympathique « Déjà pour la couleur, ils se sont plantés » – reprit donc « Mes chers amis, je suis heureux de vous accueillir ». En tout cas, pour l’adresse internet avec Françoishollande.fr, qui s’affichait sur l’écran, on peut dire que c’est sans faute, non? Quant au slogan, « Le Changement, c’est maintenant », voilà qui va mieux que « Hollande, l’autre façon de battre la gauche » trouvé par Charlie Hebdo et qui fit hurler de rire Laurent Binet, qui comme chaque lecteur du Pariser le sait -voir son il/elle–  suivra le candidat tout au long de sa campagne.

C’est près du Sénat

D’ailleurs, il s’apprête ce week-end à partir avec lui aux Antilles où il n’y aura pas un temps mort; c’est donc sans doute peu de fois qu’Hollande occupera son bureau situé au second étage face à celui de  Sebastien le Foll et Pierre Moscovici,  et en dessous de celui de Manuel Vals et de Valérie Treierweler qui a hérité d’un petit bureau à la décoration encore très zen au fond du couloir du troisième étage.  C’est d’ailleurs elle qui m’assura que le 7ème arrondissement -que je ne trouvais pas très marqué « de gauche » s’était révélé le moins cher, en comparaison avec des locaux pressentis dans le 19ème et 20ème, « ces quartiers là étant devenus très bobos ». Ouf, la morale était donc sauve et nous autres bien perfides de trouver qu’à 40 000 euros par mois, c’est décidément bien cher de se loger dans Paris. Pour Martine Aubry, dixit deux jeunes reporters de France Inter, c’est la proximité avec le Sénat qui l’avait emporté. Ah bon? Nous eûmes beau chercher, on ne voyait pas trop pourquoi, même si François Hollande souligna l’aspect historique d’avoir le Président du Sénat à ses côtés… En tous cas, tous s’accordaient pour dire que c’était bien petit, un triste sire lança même « Ça commence mal » vu la difficulté pour sortir entre deux portes « normales » qui, une fois le discours fini,  virent passer une marée humaine avec caméra non plus au poing mais en équilibre sur un bras pour tenter d’avoir des images. C’est alors que ma voisine demanda « mais où va-t-on se mettre pour le second tour? » »Vous avez déjà réservé la Bastille? «  rajouta son voisin auprès d’un homme à cravate qui répondit prudemment, « Voyons déjà le premier tour… ». Vu les jolis balcons bourgeois de l’endroit, j’ai alors pensé qu’un salut à la presse et aux militants, façon Reine d’Angleterre serait du plus bel effet… « On mettra une tente » m’expliqua plus tard « Madame Hollande » -la nouvelle, pas Ségolène qui, elle, était déjà repartie dans sa Mia électrique. François Hollande, lui, finit pas sortir un peu avant 13 heures pour dire un mot aux manifestants CGT qui l’attendaient, eh oui, il y en a toujours avant de monter dans sa C5 sans escorte. Et pour cent jours encore, résolument sans drapeau…

 

Par Jim

Visite guidée, le bureau de François Hollande au second étage, le pupitre au premier, après la tempête

 

qui ressembla à ça…

Sans compter que dehors, deux heures après, il y en avait encore beaucoup à l’attendre.

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