9 juillet 2014
Le bonheur est dans le docu

resistance-naturelle

Nos fidèles le savent, au Pariser, on est très « documentaire » avec cette idée que dans la mouvance de Michael Moore, une nouvelle écriture a vu le jour, le plus souvent pour le meilleur. Avec un printemps pas très folichon en longs métrages-le dernier Ken Loach, Jimmy’s hall en est une énième illustration- c’est grâce à deux Américains que vous passerez en ce moment, de la meilleure façon, une heure et demie dans une salle obscure. Le premier s’est mis en scène à travers une « story » des plus captivantes. Imaginez: ce passionné de brocantes achète un jour dans la salle des ventes face à chez lui une caisse remplie de milliers de négatifs photos-il l’a choisie car c’était le plus gros carton- pour 380 dollars afin de préparer sa thèse. Et découvre une oeuvre. Des clichés noir et blanc inouïs de maîtrise, au cadrage, à la lumière et à l’expression stupéfiante. Un nom: Vivian Maier. Sur Google, rien. Puis des mois plus tard, un avis de décès. Le début d’une longue enquête qui le conduira dans les familles de celle qui fut toute sa vie une nounou inconnue, secrète, se baladant toujours avec son Rollerfleix vertical qui lui permettait de viser sans qu’on la voie. Une mise en ligne de ses clichés sur internet plus tard, le public qui se mobilise contrairement aux musées et un voyage en France d’où elle était originaire, voilà A la recherche de Vivian Maier; un documentaire à la fois émouvant grâce à ses vidéos et les enregistrements audio de sa voix retrouvés, et passionnant qui nous fait découvrir cette Mary Poppins pas toujours sans reproche comme nanny, mais qui fit le choix assez remarquable de vivre libre et sans compromis, au point de rester sa vie durant, une anonyme à l’image de la grande Emily Dickinson, comme si son art n’avait besoin d’aucune reconnaissance ( on est bien loin des selfies…)

Des photos et du vin

« A être libre, on se sent souvent seule », Elena Pantaleoni semble soudain bien lasse face à la caméra de Jonathan Nossiter. Dix ans après « son grand cru » Mondovino sur la standardisation du goût du vin, le réalisateur revient avec un nouveau brûlot en laissant toute la place-il n’y a aucun commentaire- à trois viticulteurs italiens qui se battent contre les autorités pour faire du vin sans pesticides, avec des vignes qui du coup ne correspondent pas à l’AOC. La bêtise de la buraucratie, le drame de l’agriculture intensive qui tue véritablement la terre mais également toute la politique qui sous tend cela- » à donner à manger des plantes qui n’ont plus de « lumière » en elles car ne fixant plus le carbone, on a des peuples soumis », ce documentaire est véritablement de salubrité publique, exprimant à travers le vin toute une philosophie notamment grâce à ce Pasolini de la vigne, Stephano Belloti. Entrecoupé d’extraits de films comme Rome ville ouverte, voilà qui est revigorant et délectable comme un bon verre de Chasse Spleen. A consommer sans modération…

 

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