14 novembre 2015
Le 13 novembre 2015

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On avait parlé du 11 septembre français pour Charlie Hebdo. Et là, on dit quoi? 140 morts au réveil de ce samedi matin, forcement funèbre. Fait-il beau à Paris ce samedi matin? Jim est en reportage prévu depuis longtemps à Lausanne devant ce lac extatique, dans un hôtel de luxe dont le jardin a la particularité d’abriter les tombes des chiens de clients illustres dont Coco Chanel. Un mail qui tombe en soirée d’une amie polonaise qui dit sa solidarité, et l’on va sur internet pour savoir ce qui se passe, et découvrir dans l’effroi « Paris outragée, Paris brisée, Paris martyrisée » comme le disait un certain Général de Gaulle. « Du sang et des larmes » lui répondrait Churchill dans notre capitale plongée, à la faveur d’un match de foot, d’un concert et d’une soirée joyeuse en cet été indien qui n’en finit pas, dans un état de guerre- l’état d’urgence étant même déclaré par le Président de la République, le dernier remontait à 1984.

Peur sur la ville

De notre mélomaner qui a appris les débuts du drame à l’issue d’un concert à Tourcoing grâce à un smartphone, puis a regardé France 2 une fois regagné sa chambre d’hôtel dont les programmes ont été interrompus à un autre journaliste qui, travaillant tard à la rédaction n’a rien su avant ce matin, nulle sirène ne retentissant dans le 6ème arrondissement et  les gens y riant comme d’habitude aux terrasses des cafés, voilà l’avant. Et ce matin,  l’après. L’attentat le plus important jamais commis sur le territoire français, pire que l’OAS, Charlie Hebdo qui devient un détail. On entre dans la guerre; les grands groupes n’ouvrent pas leurs magasins, les touristes privés de musées comme l’annonce le Ministère de la culture qui recommande de différer tous les événements culturels dans la ville lumière qui vient en une nuit de sombrer dans l’abîme.

En pensée avec…

Et demain?  Trois jours de deuil national n’essuieront aucune plaie, aucune peur; la stupeur fera juste place au pragmatisme notamment pour la COP21, avec l’idée que les chefs d’état sont généralement plus en sécurité que les amateurs de concert ou les supporters de foot. Suivront les attaques politiques, la montée d’un cran sans doute encore du Front National à quelques semaines des régionales qui occupent encore la Une du Figaro arrivé ce matin en Suisse. La Suisse où le soleil brille ardemment et le lac de Lausanne reste étale, tout comme les Suisses « en pensée avec la France » a twitté sa Présidente, Simonetta Somarruga, citée  dans le quotidien 24 heures qui consacre une page aux attentats, évoquant des « scènes de guerre » en plein Paris. Le Matin, journal équivalent au Parisien titre lui aussi sur les attentats à Paris, « bain de sang à Paris » traités en page 14-15, en partageant sa « Une »  avec la photo d’une certaine Caroline Vigneaux « la plus marrante des avocates ».

Car la vie continue, à l’image de cette newsletter dont vous pourrez ou non par décence lire la suite. Mes enfants ont eux attendu deux ans pour aller à Disneyland et ont appris à leur réveil ce matin dans leur hôtel Bisounours que le parc était fermé. « Je vous aime » leur ai-je simplement dit au téléphone. Sans doute l’occasion pour chacun de le dire aujourd’hui à ses proches car la vie peut s’arrêter en un instant. En attendant, «  enterrons les morts et réparons les vivants » pour paraphraser Platonov.

Par Laetitia Monsacré

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