23 juillet 2014
L’art en prison, à voir…

Oeuvres d'art contemporain exposées à la prison Saint Anne en Avignon

Sur le papier, l’idée est brillante: présenter dans chaque cellule de l’ancienne prison Sainte Anne d’Avignon une oeuvre d’art. Fort d’un catalogue époustouflant d’artistes, la collection Lambert-actuellement en travaux d’agrandissement- s’est donc délocalisée,  avec cette exposition intitulée, en hommage à Pasolini, la Disparition des Lucioles. Une formidable occasion de découvrir six mois durant les artistes fétiches d’Yvon Lambert, qui a légué de son vivant en 2011 son immense collection (556 oeuvres)  à l’Etat- Kiki Smith, Cy Twombly, Christophe Boltanski, Daniel Buren, Nan Goldin et tant d’autres, cela dans Avignon « intra-muros ». La foule est donc au rendez vous, avec une longue file d’attente devant la petite porte de la prison, comme au temps des parloirs. Et c’est là que l’idée trouve sa limite tout comme les promoteurs qui étaient prêts en 2011 à transformer cette prison en…hôtel de luxe. Pour toute personne sensible, les lieux sont en effet chargés de toute l’impuissance et de l’horreur de l’enfermement que représente une prison; dans les cellules,  c’est d’ailleurs autant les oeuvres dont certaines ont été créées exprès comme ce pendu fort opportun  de Niele Toroni, que les tags et autres messages qui attirent l’oeil avec,  après quelques minutes,  la sensation très désagréable de ne plus voir ni soleil ni sortie. Le quartier des mitard est pire encore-cellules sans fenêtres, cour minuscule avec double filet tandis que celui des femmes offre enfin un répit, l’air y semblant moins chargé, les pièces plus vivables. Ainsi, si artistiquement, cette exposition-monstre est remarquable, entre les policiers de Xavier Veilhan qui vous accueillent à l’entrée ou le néon qui semble partir vers l’infini, J’ai rêvé d’un autre monde de Claude Léveque,  elle est à réserver aux âmes solides ou aux consommateurs sans conscience qui auront le privilège de pouvoir se rafraichir à la buvette-boutique qui a été installée dans l’ancienne cour des détenus.  » La prison c’est que dehors qu’on peut l’accepter », on ne saurait mieux conclure que cette inscription écrite par un anonyme en façade.

LM

La Disparition des Lucioles jusqu’au 25 novembre 2014 à la Prison Sainte -Anne

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