16 avril 2012
L’amoureux des étoffes

De la passion avant toute chose. Nous sommes peu à avoir ce privilège de pouvoir se lever le matin avec le bonheur de faire ce que nous aimons. Claudio Mancini a du attendre douze années cette chance depuis, qu’à l’âge de cinq ans, il s’est mis à dessiner des chaussures sur ses cahiers. Le cinéma qui lui fit découvrir un monde onirique, regardant plus comment étaient habillés les acteurs que suivant l’histoire, c’est après avoir été traducteur, et passé son  temps libre à écremer les ventes et les brocantes, qu’il a enfin pu exercer cette passion première pour les vêtements à temps complet en ouvrant une boutique à Paris, « A l élégance d’antan », tout un programme pour cette rencontre fortuite sur un défilés de prêt à porter pour la femme en mars dernier, dans les élégants salons de l’Intercontinental;

Quelle est votre clientèle?

Elle est tres composite, pas trop fashion, en tous cas pas « victime »!,  avec surtout des femmes entre 25 et 40 ans qui souhaitent être un peu décalées. J’ai également des stylistes qui travaillent sur des films ou pour le théâtre. Pour ma part, dans ma séléction j’essaye de composer quelquechose de cohérent; j’ai enfoui des images anciennes que j’essaye de faire resurgir. C’est pour cela que j’ai surtout des robes de couturière, d’abord pour une question de moyen, mais également pour ne pas être esclave de l’étiquette. A une marque, je privilegie l’âme qu’on a pu mettre dans un vêtement fait main, le rapport des lignes avec les pleins, les vides comme chez Lucien Lelong, Maggy Rouff ou Fernande Desgrange-illustres inconnus pour le plus grand nombre…

 

Comment trouvez vous vos vêtements?

Je chine dans les vides- grenier, les brocantes. J’ai également tout un réseau d’antiquaires; il y a aussi les gens qui apportent des choses mais je m’interdit de vider les maisons, passer après que la petite mamy soit morte et trouver des caanevas avec l’aiguille encore dessus…Avec 25 à 30 000 vêtements, vous imaginez si je me charge avec les souvenirs de chacun? La bonne affaire ne m’interesse pas. Non, ce qui me plait, c’est avant tout faire sortir un vêtement, un accesssoire de l’oubli.

 

Comment faites-vous pour leur redonner une seconde vie?

Il y a généralement un gros travail de restauration; je refais les doublures, les boutons, mais on ne peut jamais remettre àneuf…c’est aussi le charme. Le pressing ne rattrape pas l’usure  qui réapparait dès qu’on porte à nouveau les robes ou les tailleurs.

 

Vous en vivez bien?

Plus maintenant. La crise a touché exactement la cientèle qui est la mienne, prête à dépenser 30 à 1500 euros.Mais j’en ai très bien vécu à une époque même si je n’ai jamais cherché à faire fortune. Diisons que pour l’instant, je sauve encore les meubles…Quant à ma clientèle de professionnels, désormais sur un tournage, on préfère refaire les accessoires. Laetitia Casta, vous ne lui ferait pas porter une robe déjà portée! Pourtant, une vraie chose ancienne apporte nécessairement une touche de réalité si tenté que les objet ait une âme. Je vois d’ailleurs toujours sur les films d’époque si le costumier a su faire le mélange; les parresseux je les repère immédiatement lorsqu’ils utilisent sans arrêt les mêmes objets et robes de film en film! Quant aux concours d’élégance de voitures anciennes-ma passion-je suis effaré de voir les tenues que certains arborent malgré une voiture de grand style…

Nul doute qu’il les gagne haut la main, avec ce costume en tweed juste usé comme il faut-le Duc de Westminster les faisait frotter par ses valets avec des pierres pour qu’ils aient l’air moins neuf- et cette allure qui attire l’oeil au milieu de toutes cette « bêtes » de mode souvent attifées comme des mégères…non apprivoisées.

 

Par Laetitia Monsacré

A l’élégance d’autrefois, 5 rue du Pas de la Mule, Paris 4e-ouvert l’après midi- 01 48 87 78 84

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