L’amour triomphe à Vienne

Ecrit sur un livret d’Hugo von Hoffmansthal, Arabella de Richard Strauss fait partie de ces opéras que l’on associe instinctivement à la capitale de l’empire austro-hongrois. Avec ses panneaux Art déco, la mise en scène au Staatsoper de Sven-Eric Bechtolf resitue à l’époque de la création de l’opéra l’histoire d’Arabella et de sa famille désargentée de la haute société viennoise. Arabella et Mandryka, le riche étranger tombent amoureux l’un de l’autre, mais Zdenka, la cadette habillée en garçon car ne pouvant être dotée pour un mariage aime l’officier Matteo, qui en pince secrètement pour l’aînée. Au terme de quiproquos parfaitement dans l’esprit de la comédie et qui ne sont pas sans rappeler Les Noces de Figaro, l’amour vaincra. Parmi les images marquantes d’un solide spectacle entre modernité et tradition, on retiendra entre autres l’enseigne orangée de l’hôtel Metropol au premier acte ou les deux escaliers qui campent immédiatement les conditions de la confusion au troisième.

Orchestre brillant

Déclarée malade, Renée Fleming, attendue dans ce répertoire qui sied comme un gant à son timbre capiteux – à la Bastille, les Parisiens bénéficieront d’une séance de rattrapage en juin –, a dû céder la place à sa compatriote Emily Maggy, voix moins veloutée sans doute mais éclatante d’expressivité. Sa cadette, Zdenka, est incarnée avec toujours autant de fraîcheur – et de succès auprès du public viennois – par la soprano autrichienne Genia Kühmeier. Robuste, le Mandryka de Tomasz Konieczny ne peut faire oublier l’élégance de Thomas Hampson, tandis que Michael Schade affiche une certaine fébrilité en Matteo. Evoquons encore la réjouissante exubérance de la Fiakermilli de Daniela Fally, aux aigus stratosphériques qui se souviennent d’une Zerbinetta – Ariane à Naxos. Et comment oublier le Philharmonique de Vienne – dirigé ce soir par Franz Welser-Möst – réuni à la fin de la soirée sur la scène pour recevoir une des plus hautes distinctions honorifiques de l’Etat Autrichien.

GL

Wiener Staatsoper, spectacle repris en septembre 2012

Imprimer