16 octobre 2014

En ouvrant mon ordinateur portable ce matin, j’ai trouvé une crotte de lapin. Pas un virus, non, une petit boule bien dure, sans odeur, de l’herbe digérée et ayant atterri là au gré du passage des deux rongeurs peluche-vivante offerts aux enfants, lesquels sortent de temps en temps de leur cage-prison dans laquelle on leur promet une vie de six à huit ans sans loyer à payer. Dehors, les feuilles ont commencé à tomber, tachant le vert de la pelouse ornementale où les enfants, en bons citadins, s’aventurent rarement. La chaudière chante régulièrement depuis que j’ai trouvé comment la remettre en marche, avec cette idée de devoir l’apprivoiser avant que les grands froids n’arrivent. La rosée du matin est déjà annonciatrice de ce qu’est l’humidité ici la nuit comme le matin, avec le jour levé, la voiture les vitres pleines de buée et les fauteuils glacés offrant un avant goût de ce qui nous attend en hiver. Depuis dimanche dernier-ouverture de la chasse, des détonations résonnent dans la campagne, avec sans doute un de ses nombreux faisans aux couleurs sublimes-les femelles gris-marron ont moins à craindre- qui finira dans un congélateur, à moins que cela ne soit un lièvre derrière lesquels mon chien aime tant à courir avec altruisme, autant de sprints perdus d’avance au vu des pattes arrières si longues et du corps fait pour la course de ses cousins lointains des deux lapins nains et assistés qui dorment chez nous. Des poursuites dans les champs qui ont désormais pris des teintes automnales, terre brune labourée à perte d’horizon avec un paysage qui perd jour après jour son aspect bucolique. Si loin, si proche de Paris; on distingue de plus en plus les aménagements urbains comme ces parkings toujours complets devant les gares où se pressent la journée finie, les travailleurs aux visages fatigués, le regard vide, partis souvent de nuit et retrouvant le soir tombé leur petit carré vert où peu à peu les fleurs disparaissent, avec la corvée des feuilles qui s’annonce pour le week-end, remplaçant celle de la tonte. Le paysage se fait de plus en plus monotone, à l’image de la vie qui règne ici, avec bien souvent les cerveaux qui finissent par suivre le mouvement. Sur cinq copains invités pour l’ anniversaire de mon fils, trois lui ont ainsi offert exactement le même Lego. J’ai fini par vexer une mère en demandant s’il y avait une promo au Leclerc ou à l’Intermarché, ces deux temples hideux qui rythment les sorties pour les courses du village dont le centre ressemble à une zone de guerre pour cause de carrefour aménagé. On annonce cinq mois de travaux, je n’aurai pas tenu trois chapitres ni trois semaines…

LM

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